Le Beaujolais nouveau revient : malgré un goût controversé, pourquoi ça marche ?

Le troisième jeudi de novembre, marque l'arrivée sur les tables du Beaujolais nouveau (Illustration)
Le troisième jeudi de novembre, marque l'arrivée sur les tables du Beaujolais nouveau (Illustration) © FLORENT VANNIER / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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Laura Laplaud
Comme le veut la tradition, le troisième jeudi de novembre, marque l'arrivée sur les tables du Beaujolais nouveau. Un vin inabouti diront certains, ou très fruité, affirmeront d'autres, s'il est apprécié de certains, il connaît aussi une mauvaise réputation. Malgré la controverse, pourquoi ce vin plaît-il toujours ?

Pour le plus grand plaisir de ses amateurs, le Beaujolais nouveau est de retour sur les tables ce jeudi. En 2020, les ventes de Beaujolais nouveau ont souffert de la pandémie et des différents confinements. En 2021, les aléas climatiques ont pénalisé les rendements. Qu'en est-il en 2022 ? Ce millésime sera-t-il à la hauteur de tous ? S'il a connu ses heures de gloire, notamment à son lancement en 1951, il est aussi décrié en raison de ses arômes chimiques.

Une tradition qui remonte à 1951

En 1951, les producteurs de Beaujolais à appellation contrôlée se mobilisent pour avancer la date de commercialisation du vin de l’année en cours avant le 15 décembre, notamment en raison du processus de fabrication raccourci. Ils obtiennent gain de cause le 13 novembre 1951 avec l’autorisation de vendre leur vin à partir de cette date. En 1985, la date change pour être décalée au troisième jeudi de novembre.

Un plan marketing bien rodé

Le Beaujolais nouveau est avant tout un plan marketing bien rodé, bien pensé. À ses débuts, le succès est immédiat et la ville, Beaujeu, ainsi que la région Auvergne-Rhône-Alpes se jettent à corps perdu dans ce qui apparaît comme une fantastique poule aux œufs d’or. Si ce vin était très populaire dans les années 70, le Beaujolais nouveau représentait la moitié du volume des ventes de l’appellation, il est aujourd’hui en perte de vitesse.

Le Beaujolais nouveau ne représente plus que 20% de la production de l’appellation, selon les chiffres 2022 d'Inter Beaujolais. Les 80% restants sont constitués par les Beaujolais et Beaujolais Villages de garde ainsi que les 10 crus de Beaujolais.

En 2020 comme en 2021, près de 18 millions de bouteilles ont été commercialisées, soit l'équivalent de 133.000 hectolitres, contre 21,5 millions en 2019. Près de 9 millions de bouteilles ont été exportées en 2021, principalement au Japon, un pays très amateur de ce vin qui a importé 3,6 millions de bouteilles. Viennent ensuite les États-Unis en deuxième position avec 1,3 million de bouteilles importées puis le Royaume-Uni avec 1,2 million de bouteilles.

Pourquoi les Français ne s’emballent plus pour le Beaujolais nouveau ?

L'intérêt des pays étrangers pour le Beaujolais nouveau reste fort même si une légère baisse est à noter sur plusieurs années. Dans l’Hexagone, les Français sont plus difficiles. Le Beaujolais ne tient pas sa renommée de sa qualité gustative diront beaucoup d’œnophiles mais de l’opération "beaujolais nouveau", dont on vous parlait au-dessus, qui connaît chaque année un succès mondial. 

Une production de vin industrielle, aux arômes caricaturaux, obtenus grâce à des artifices de vinification, banane, cerise, cassis... Les détracteurs sont durs car il existe de bons beaujolais. L'année dernière, au micro d'Europe 1, le chef Yves Camdeborde notait une amélioration générale de la qualité de ces vins depuis une dizaine d'années. "Les Jules Métras, Kéké Descombes, Mathieu et Camille Lapierre, Alex Foilard... se sont réappropriés cette tradition, mais de façon qualitative. Ils traitent ce vin comme leurs grands crus", affirmait Yves Camdeborde en 2021.

Qu'il soit apprécié ou non, dégusté en France ou à l'étranger, le Beaujolais reste la deuxième appellation de vin la plus connue après le champagne.