L'Assemblée vote la possibilité de déposer des plaintes en ligne

Il s'agit de "donner une parole plus facile aux victimes", a expliqué la ministre de la Justice jeudi. (Photo d'archives)
Il s'agit de "donner une parole plus facile aux victimes", a expliqué la ministre de la Justice jeudi. (Photo d'archives) © FRANCOIS GUILLOT / AFP
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avec AFP , modifié à
Les députés ont voté la possibilité de déposer plainte en ligne, jeudi, afin de faciliter le parcours judiciaire de certaines victimes. Un nouveau pas vers la numérisation des services publics. 

L'Assemblée nationale a voté jeudi soir dans le projet de loi Justice des dispositions pour faciliter le parcours judiciaire des victimes, dont la possibilité de déposer des plaintes ou de se constituer partie civile en ligne.

"Donner une parole plus facile aux victimes". "Notre ambition est bien de donner une parole plus facile aux victimes, de leur permettre de porter plainte de manière plus aisée", a expliqué la ministre de la Justice Nicole Belloubet. "Mais nous ne substituons pas les plaintes en ligne à l'accueil physique qui doit continuer à être réalisé dans les commissariats et les gendarmeries", a-t-elle précisé.

"Il y a deux séries de victimes (à qui cette mesure peut être utile, ndlr)", a expliqué le rapporteur Didier Paris (LREM) : "celles qui n'ont pas besoin d'aller dans un commissariat parce qu'elles ne veulent qu'un récépissé de dépôt de plainte et qu'il n'est pas nécessaire de leur infliger ce parcours". "Et puis, à l'inverse, il y a toutes celles et ceux qui ont du mal à passer la porte d'un commissariat parce que c'est compliqué d'expliquer qu'on a été victime d'abus sexuels et c'est aussi à cela que répond" cette disposition, a-t-il ajouté.

"Un atout juridique supplémentaire". "Le système permettra aux victimes de poser rapidement par écrit un certain nombre de faits. Cette plainte en ligne sera un atout juridique supplémentaire", a insisté la garde des Sceaux, précisant "qu'un rendez-vous avec un enquêteur spécialisé pourra être donné immédiatement à la victime". "Il existe déjà aujourd'hui des systèmes de pré-plainte en ligne, ce que nous faisons, c'est transformer juridiquement ces pré-plaintes en plainte", a précisé la ministre.

Le risque d'une "déshumanisation de plus" pour l'opposition. Si plusieurs députés LREM ont salué le dispositif, d'autres, dans l'opposition, se sont interrogés sur ses retombées négatives. "Dans les commissariats, avec des effectifs contraints, les policiers ne sont pas toujours disponibles pour enregistrer les plaintes et le risque est grand que, par manque de temps, ils renvoient les victimes sur les plaintes en ligne, ce qui représenterait une déshumanisation de plus", a souligné Sébastien Jumel (PCF).

Une formule qui ne prend pas forcément en compte les besoins de la victimes et de l'enquête. "Il me paraît que l'écran, le clavier, ce n'est pas la bonne formule quand on a besoin de voir quelqu'un pour raconter ce qui s'est passé", a ajouté Philippe Gosselin (LR). "Il faut pouvoir protéger les victimes d'elles-mêmes. En déposant plainte derrière un ordinateur, on ne sait rien d'un état psychologique et physique qui nécessiterait des soins. Fragilisées, elles (les victimes, ndlr) ne vont pas forcément bien expliquer ce qui leur est arrivé et c'est laisser passer du temps précieux pour l'enquête", a souligné son collègue Antoine Savignat (LR).