Langues : le nissart menacé par la réforme du lycée, s'inquiète la mairie de Nice

La réforme du lycée menace le nissart, langue traditionnelle de Nice, selon la mairie.
La réforme du lycée menace le nissart, langue traditionnelle de Nice, selon la mairie. © VALERY HACHE / AFP
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Europe1.fr avec AFP
"À moyen terme, une menace pèse sur la pérennité de l'enseignement du nissart car la discipline n'est pas considérée au même niveau que les autres enseignements linguistiques", déplore la mairie de Nice. 

La réforme du lycée menée par le gouvernement menace l'enseignement du nissart, l'occitan parlé à Nice, moins bien loti que le latin ou le grec, selon la mairie de Nice, qui s'inquiète plus largement pour les langues régionales et espère faire changer la donne. "Des réunions doivent se tenir ces jours-ci avec les enseignants et les associations", a indiqué mardi le rectorat.

En l'état, "la langue d'Oc demeure une option, mais pas un enseignement de spécialité proposé sur six heures par semaine", observe Jean-Luc Gag, adjoint au patrimoine à la mairie de Nice, lui-même homme de théâtre et enseignant. Aucun lycée de l'Académie ne l'envisage comme spécialité, ni même en seconde langue vivante, selon la mairie.

"À moyen terme, une menace pèse sur la pérennité de l'enseignement du nissart car la discipline n'est pas considérée au même niveau que les autres enseignements linguistiques, et moins bien considérée que les autres langues vivantes. On est toujours sur un coefficient 1 pour l'option niçois, alors que le grec et le latin sont sur un coefficient 3, nous demandons l'égalité de traitement", détaille Jean-Luc Gag à l'AFP.

"Ce n'est pas un repli sur soi mais une ouverture aux autres"

Le maire LR Christian Estrosi avait interpellé les autorités dès avril en pointant l'incohérence de la réforme: "En 2013, à Nice, nous avons ouvert une école bilingue nissart/français au sein de l'école publique (...) avec un enseignement de toutes les matières, effectué pour moitié en français et en niçois". "L'investissement des communes dans la diffusion des langues régionales dans le 1er degré n'a de sens que s'il est poursuivi dans le secondaire. Pour être cohérent, c'est l'ensemble de la filière qui doit être maintenu jusqu'à l'université", soulignait-t-il, dans un communiqué.

Mais à quoi servirait d'apprendre le nissart ? Pour Jean-Luc Gag, c'est une passerelle vers d'autres langues latines : "Ce n'est pas un repli sur soi mais une ouverture aux autres, (et cela) sert la connaissance de son lieu de vie et de son patrimoine".  Depuis 2018, une agrégation, le plus prestigieux des concours de l'enseignement, existe pour l'occitan-langue d'oc, tout comme pour le basque, le breton, le catalan, le créole ou le tahitien.
Selon M. Gag, 5 à 7% de la population locale parle ou comprend le nissart.