La boulangerie de Pont-Saint-Esprit en 1951 (1280x640) AFP
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Guillaume Perrodeau
Christophe Hondelatte revient jeudi sur le mystère des malades de Pont-Saint-Esprit, pris d'un coup de folie en 1951.

Le mystère demeure. À l'été 1951, à Pont-Saint-Esprit, sept personnes sont mortes et des dizaines d'autres ont été hospitalisées. Jeudi, Christophe Hondelatte revient avec Hubert Delobette, éditeur et auteur d'Histoires vraies en Languedoc-Roussillon, sur ce célèbre fait divers des "malades de Pont-Saint-Esprit".

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D’étranges symptômes. 16 août 1951 à Pont-Saint-Esprit, la chaleur est accablante dans la petite ville du Gard et chose inhabituelle, le cabinet du médecin est rempli. Des dizaines d'habitants sont là, réunis. Ils souffrent de bouffées de chaleur, de maux de ventre. Certains sont mêmes frappés d'hallucinations. Pour le médecin qui les examine, il s'agit d'une intoxication alimentaire. Mais le problème, c'est que personne n'a mangé la même chose, ni au même endroit. Le 19 août, la maladie s'accélère chez certains patients, dont 23 sont conduits à l'hôpital. Ils délirent complètement, se prennent pour des avions ou des oiseaux et se mettent à sauter par les fenêtres de l'établissement.

La thèse de l'ergot de seigle. Après plusieurs jours, deux médecins de Pont-Saint-Esprit ont une piste : le pain. L'aliment est finalement le seul point commun entre tous les malades qui ont tous consommé le pain du meilleur boulanger de la ville. Un professeur de la faculté de Montpellier estime que le mal mystérieux qui gagne les habitants proviendrait ainsi de l'ergot de seigle, un champignon parasite du blé. "C'est la théorie que je soutiens", confie Hubert Delobette. "C’est un champignon qui se développe à la faveur d’une humidité importante sur le seigle et contient des alcaloïdes, proches du LSD", souligne le spécialiste. Et l'analyse des viscères d'une des trois premières victimes va dans ce sens. Ce serait bien l'ergot de seigle qui serait à l’origine de la folie qui a atteint des habitants du village.

Du pain jusqu'à la farine, les gendarmes remontent jusqu'à un meunier de Saint-Martin-la-Rivière, à 600 kilomètres de là. Il concède avoir mélangé une partie de sa farine avec du seigle avarié, puis ensuite l'avoir expédié à Pont-Saint-Esprit. L'affaire est close ? Et bien non, puisque lorsque la justice analyse le lot de farine en question, il ne trouve aucune trace d'ergot de seigle. Le meunier est donc relâché.

La CIA ? "Une thèse ridicule". Une autre piste va être étudiée, qui mène vers 74 meuniers qui blanchissaient chimiquement leur farine à l'époque. Serait-ce donc le composé en question, l'agène, qui serait à l'origine de la maladie ? Cette fois-ci, la justice préfère arrêter l'enquête, de peur de se mettre toute une profession à dos.

En 2009, une ultime hypothèse, farfelue, verra le jour : à l'aide d'avion, la CIA aurait pulvérisé le village de Pont-Saint-Esprit pour tester le LSD comme arme. "On est dans la thèse du complot", balaie Hubert Delobette. "C’est une thèse ridicule, je n’y prête aucun crédit."