La sécurité privée dans le collimateur de la Cour des comptes

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Les magistrats de la Cour des comptes s'étonnent de l'absence de versification des compétences professionnelles. © ALAIN JOCARD / AFP
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Alain Acco, édité par R.Da.
L'explosion du secteur, en raison de la menace terroriste, s’est accompagnée d'un certain laxisme dans le recrutement des agents, selon un rapport de la Cour des comptes publié mercredi.

Dans son rapport annuel rendu public mercredi matin, la Cour des comptes passe au crible le secteur de la sécurité privée. Un secteur d'activité en forte croissance ces dernières années en raison de la menace terroriste. Il emploie quelque 170.000 salariés, souvent peu qualifiés et mal payés, et auxquels pourtant le ministère de l'Intérieur a de plus en plus souvent recours pour remplacer les policiers et les gendarmes qui gardent les bâtiments publics, comme les préfectures, les tribunaux ou encore les écoles de police. Mais pour les sages de la rue Cambon, ces agents privés ne sont pas suffisamment bien sélectionnés et contrôlés. Le rapport épingle ainsi sévèrement l'organisme public, qui, sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, est chargé de réguler le secteur.

Des casiers judiciaires parfois lourds. Première faille pointée : les contrôles de moralité. Les magistrats de la Cour des comptes sont tombés des nues en découvrant que l'on pouvait travailler dans la sécurité privée en ayant été condamné pour violences conjugales, conduite sans permis, sans assurance ou en état alcoolique, détention de stupéfiants, escroquerie, abus de confiance, ou encore outrage à personne dépositaire de l'autorité publique. Bref, toute une liste de délits que le Cnaps (le Conseil national des activités privées de sécurité) qui délivrent les autorisations pour cinq ans, ne juge pas incompatibles avec la surveillance d'un palais de justice ou celle d'une préfecture. La Cour des Comptes, elle, s'insurge contre ce qu'elle qualifie d'"appréciation trop indulgente de la moralité".

Des personnes en situation irrégulière. Elle dénonce aussi l'absence de réelles vérifications des formations professionnelles, alors que neuf candidatures sur dix sont acceptées, avec des dossiers constitués de mauvaises photocopies de cartes d'identité, françaises ou étrangères, d'où le risque élevé de fraude soulevé par la Cour des comptes. Elle a d'ailleurs pu le constater. Aux abords d'une grande gare parisienne, la surveillance était assurée par des agents cynophiles, qui n'avaient pas été formés dans les règles et qui étaient en situation irrégulière sur le sol français.