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Marion Dubreuil, édité par Rémi Duchemin
Dans son rapport annuel, la Miviludes, la mission interministérielle chargée de lutter contre les sectes, pointe une hausse impressionnante des signalements depuis le début de la crise sanitaire, avec une part de plus en plus importante des médecines alternatives.

La Miviludes, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, a publié son rapport annuel d'activités la semaine dernière. Et depuis 2015, le nombre de signalement a augmenté de 40% avec une part prépondérante de la santé alternative. En cinq ans, le nombre de signalements liés aux médecines complémentaires et alternatives a doublé pour atteindre 412 saisines l'an dernier. C'est d'ailleurs le premier sujet pour lequel la Miviludes est sollicitée. A contrario, l'église de scientologie est en recul. Depuis 2015, les signalements auprès de la Miviludes ont été divisés par 10.

 

La particularité de ces mouvements sectaires, c’est qu’ils sont structurés autour de 3 idées fortes. Dire que l'approche de la médecine scientifique ne prend pas en compte l'être humain dans toute sa dimension d’abord. Affirmer que la santé publique est aux mains de lobbys pharmaceutiques ensuite. Prétendre que toutes les solutions sont dans la nature ou en soi enfin. Le jeûne et le fait de manger cru sont par exemple promus par Thierry Casanovas auprès de ses millions d'abonnés. Ce vidéaste sans formation médicale n'hésite pas à déclarer par ailleurs que la chimiothérapie est toxique et inefficace pour soigner le cancer. 

Des gourous devenus experts en marketing digital

La crise du Covid a eu un effet notable. A partir du 1er confinement, entre mars et décembre l'an dernier, il y a eu 200 saisines en lien direct avec le Covid. Les gourous ont presque tous un positionnement sur la crise sanitaire, contre le port du masque, contre la vaccination. Et ils adaptent leur discours et leur technique d'approche. Face à eux, il y a un public plus isolé plus vulnérable et donc plus perméables aux arguments de nature sectaires. Les mouvements religieux eux ont profité du Covid pour développer le thème de la punition divine.   

Et les nouveaux gourous sont devenus experts en marketing digital. L'offre s'est multipliés en ligne, avec salons, blogs et forums de discussions. On peut parler de gourous 2.0. Pas de notoriété sans présence sur Instagram et Facebook, explique le rapport de la Miviludes. C'est le cas des petits groupes. Les gourous d'envergure internationale eux privilégient la rareté. Ils délèguent la communication sur les réseaux sociaux. Tout est maîtrisé, dont le référencement et les mots clés, pour optimiser l'effet des moteurs de recherche. Les tests de personnalité proposés à l'internaute permettent notamment de recueillir ses données personnelles pour le relancer et en faire un adepte. Ensuite les prestations, consultations ou soins sont proposés à distance et facilités grâce au paiement en ligne.