LA QUESTION SEXO - Peut-on avoir une sexualité en dormant dans la même chambre que ses enfants ?

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Catherine Blanc , modifié à
Dans "Sans Rendez-vous" ce mercredi, Catherine Blanc répond à Karima, confinée chez sa sœur avec mari et enfants. Sa sexualité est bloquée parce que le couple fait chambre commune avec ses bambins, mais c'est une bonne chose selon la sexologue. 

Ça a été la stratégie de nombreux Français. À l'annonce du confinement par Emmanuel Macron le 16 mars dernier, beaucoup ont migré en vitesse chez un proche qui possède une grande maison, et pourquoi pas un jardin. Une décision prise pour permettre à d’éventuels enfants de mieux supporter l'enfermement. Parmi ces Français, on trouve Karima, qui est allée vivre chez sa sœur avec son mari et ses bambins. Mais cela fait plus de deux mois que le couple se retrouve à dormir dans la même pièce qu'eux. Un "problème", selon Karima, puisque cela bloque sa vie sexuelle.

Mais cela est "heureux" selon la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc, qui détaille dans "Sans Rendez-vous" ce mercredi les impacts négatifs que la vue de la sexualité parentale pourrait avoir sur les enfants. 

La question de Karima

Avec mon mari et mes enfants, nous sommes encore confinés chez ma sœur qui a une grande maison et un jardin. Pour des raisons de confort nous poursuivons le télétravail, mais problème : nous dormons dans la même chambre que nos enfants et cela nous bloque sexuellement, que faire ?

La réponse de Catherine Blanc

C’est heureux que la présence des enfants bloque la sexualité du couple, car ce n’est pas du tout un cadre adapté. Non pas que l’acte soit moche, mais les enfants sont très curieux de ce qu’il se passe : toujours l’oreille tendue et les yeux rivés partout. Ne les prenons pas pour des imbéciles, même quand ils dorment il ne faut pas grand-chose pour qu’ils se réveillent tant leur curiosité est alertée par le moindre bruit, souffle, ou respiration haletante.

Ce n’est donc absolument pas le lieu, et nous n’avons pas à solliciter l’excitation de nos enfants qui sont en train de se construire de ce point de vue.

D’autant qu’il y a une marge considérable à respecter entre cette construction de l’excitation et le réel. Sans quoi l’enfant a le sentiment de participer de la sexualité parentale, et du coup cela prend des allures incestueuses, puisqu’il aurait le sentiment de participer à cette sexualité, ce qui engendre de gros dommages psychiques. Que cela bloque les parents est donc une bonne chose, mais leur sexualité n’est pas arrêtée pour autant. Elle peut se faire dans les regards, dans les moments où ils se croisent, dans les moments de baiser…. 

Il faut se dire que ce temps peut aussi servir à nourrir l’érotisme et la sensualité jusqu’au moment où le couple fera chambre à part.

À partir de quel âge ça devient problématique pour les enfants ?

Il faut comprendre le développement psycho-affectif d’un enfant : jusqu’à 3 ans, il n’est pas question de sexualité pour lui. Il ressent donc simplement ce qui se joue autour de lui en tensions positives ou négatives. Donc un nourrisson dans la chambre à coucher n’est pas emmêlé à une histoire de sexualité et il est important que cela ne soit pas le cas. À partir de 3 ans en revanche, il entre dans la conscience de son genre et de celui des autres. C’est aussi là qu’intervient l’œdipe, d’un moment très érotisé de l’enfant dans son lien avec ses parents, et il faut absolument éviter de lui laisser penser qu’il puisse participer aux érotisations du couple parental.

Puis vers 6 ans, c'est un moment où il faut être particulièrement vigilant pour le protéger, parce qu’il est dans un mélange de curiosité et de demande, tout en étant très inquiet d’en recevoir les réponses physiques.