LA QUESTION SEXO - Nous souhaitons filmer nos ébats sexuels : n'est-ce pas trop risqué ?

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Filmer ses rapports sexuels, c'est aussi prendre le risque d'être victime de "revenge porn". © Pixabay
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Catherine Blanc
Dans "Sans Rendez-vous", jeudi, la sexologue Catherine Blanc répond à Antonin qui souhaite filmer ses ébats sexuels avec sa compagne et s'interroge sur les dangers d'une telle pratique. Selon la spécialiste, il faut être prudent avec ces images qui restent, et peuvent être utilisées dans un but malveillant.

Filmer ses ébats sexuels, est-ce une bonne idée ? Dans Sans rendez-vous, jeudi sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à la question d'un auditeur qui entreprend de filmer ses rapports sexuels avec sa compagne pour pimenter leur vie de couple. Il se demande si cela n'est pas dangereux.

 

La question d'Antonin

Je suis avec ma copine depuis quatre ans et pour pimenter notre vie de couple, on a décidé de franchir un cap et de se filmer lors de nos rapports sexuels. N'est-ce pas trop osé et risqué ?

La réponse de Catherine Blanc

Tout d'abord, quelle est cette idée de "passer des caps" ? comme si l'on avait peur que ce que nous vivons ne soit pas suffisamment de qualité et que l'on cherche à pimenter en partant du principe que la relation est fade. Jusqu'où cela va ?

Par ailleurs, faisons attention à ce que nous faisons, et à ce que nous gardons en mémoire. Il y a des femmes qui craignent de ce que l'autre peut faire de al vidéo. Cela pose la question du piratage, ou des enfants qui tombent dessus, et puis aussi de l'après-soi : si demain je meurs, est-ce que j'ai envie que ça reste derrière moi ? Il y a évidemment la question de la fiabilité de l'autre dans son excitation, et le "revenge porn" qui vise à nuire à l'autre. On n'est pas tous très tranquilles avec ce que devient l'image de son corps, et a-t-on envie d'être exposé ? À ce que notre corps soit utilisé comme arme contre soi-même ?
Nous avons des yeux pour voir et une mémoire pour enregistrer, c'est ça notre caméra. Alors, on peut s'amuser, jouer à "je te filme", mais la réalité de garder ça est-elle vraiment importante ?

Poser la question de savoir si c'est dangereux, c'est déjà considérer que ça l'est. On sait qui a décidé et qui a subi la décision de l'autre, et si Antonin pose la question, c'est qu'il n'est sûrement pas à l'origine de cette idée, et donc on est dans quelque chose de déséquilibré. Sur le moment, on vit les choses, porté par nos émotions, mais quand ensuite on est spectateur, ce n'est pas la même chose. Cela s'apparente à la pornographie qui peut créer un sentiment d'inquiétude et de culpabilité. En revanche, si tout le monde est tranquille : liberté, liberté chérie.