LA QUESTION SEXO - Je suis célibataire et j’angoisse de ne pas avoir de relation sexuelle avant longtemps, qu’en pensez-vous ?

Le confinement peut être difficile à vivre pour les célibataires.
Le confinement peut être difficile à vivre pour les célibataires. © Pixabay
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La période de confinement peut être difficile à vivre pour les célibataires, comme Sophie, âgée de 26 ans. La jeune femme angoisse à l’idée de ne pas avoir de relation sexuelle avant un long moment. Notre sexologue Catherine Blanc lui a répondu dans l’émission Sans rendez-vous.

>> Les célibataires commencent à trouver le temps long. Avec le confinement, de nombreux Français se retrouvent dans l’impossibilité de satisfaire leurs désirs et leurs pulsions. C’est le cas de Sophie, 26 ans, qui angoisse à l’idée de ne pas avoir de relation sexuelle avant longtemps. Notre sexologue Catherine Blanc a livré ses conseils, mercredi dans l’émission Sans rendez-vous.

La question de Sophie, 26 ans :

Je suis célibataire et je me dis que je n’aurais pas de rapport sexuel avant longtemps, même à partir du 11 mai puisque les bars et les clubs sont fermés, or ce sont les endroits où je drague le plus souvent. Les sites de rencontres ne n’emballent pas, cela m’angoisse, qu’en pensez-vous ?

La réponse de Catherine Blanc : 

"Il ne faut pas s’angoisser, mais on peut comprendre que le temps de célibat s’étire pendant le confinement. De toute façon c’est une question que j’entends souvent : comment vais-je rencontrer quelqu’un, alors que les sites de rencontres ne sont pas mon truc. Avec mes amis on tourne en rond avec des gens en couple ou bien célibataires, les groupes d’amis n’évoluent pas. Donc les lieux possibles de rencontres sont les bars et les boîtes de nuit. Ce sont dans ces lieux-là qu’elle a l’habitude de mettre tous ses atours à l’œuvre pour faire des rencontres avec des inconnus qu’elle n’aborderait pas forcément dans la rue.

C’est difficile d’aller rencontrer des gens, et si tous ces lieux sont fermés et qu’en plus au travail il faut maintenir une distance. Le problème c’est qu’on va se retrouver les uns avec les autres, à se parler et à sourire avec les yeux qui devront être rieurs, puisque les bouches ne pourront pas l’exprimer (en raison des masques). Il faudra pouvoir se donner de la valeur en maintenant une distance. Il faudra se demander quand les masques tomberont pour satisfaire nos désirs. Il va falloir dépasser nos pudeurs, puisque ces masques vont mettre une distance entre nous.

Sophie parle d’angoisse, mais ne faut-il pas faire un effort et tenter sa chance, puis voir ce qui se passera ?

Se forcer est bien pour sortir de sa zone de confort, mais pour beaucoup de gens c’est anxiogène. On ne sait pas très bien à qui on s’adresse, on n’a pas la maîtrise de la situation, va-t-on partager cela avec ses collègues… Pouvoir maîtriser un peu plus l’échange avec l’autre est la situation préférable, et naturelle, donc on ne peut pas lui en vouloir. Quant à l’angoisse, on pourrait se dire que ce n’est que l’histoire de quelques mois voire quelques semaines.

Elle n’a que 26 ans, les sites de rencontres pourraient bien lui correspondre finalement, non ?

Oui, évidemment. De notre point de vue 26 ans c’est tout jeune, mais pour elle c’est peut-être un temps où sa femme était déjà mariée et avait déjà un enfant, où ses copines sont déjà en couple. Pour les jeunes femme de 26 ans qui approchent la trentaine, l’angoisse monte de ne pas avoir élaboré de relation.

Cela va bien au-delà du désir sexuel : c’est l’idée d’être en capacité de créer un couple, de créer une relation sur le temps, avant de peut-être s’éteindre pour une prochaine. Ça met donc un peu plus de pression et d’angoisse. Une jeune femme de 26 ans peut être dans cet état d’esprit en temps normal, et en plus abreuvé à l’anxiété et à l’angoisse du coronavirus.

Pensez-vous que la drague va changer, et que plus rien ne sera comme avant ?

Nous allons toujours devoir nous adapter à de nouvelles données, et celles-ci en sont de nouvelles. Mais c’était déjà le cas : les hommes ne draguent plus comme avant, et les femmes ne draguent plus comme avant, notamment à cause de tous les événements qui ont défrayé la chronique (la vague MeToo, ndlr). Il faut faire évoluer sa drague, et à chacun de trouver son modèle et l’expression de ses désirs."