C'est devenu une habitude chez Céline : depuis le début du confinement, elle passe ses nuits à rêver d'un homme. 4:34
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Catherine Blanc
Céline déprime un peu : cette auditrice confie sur Europe 1 rêver sans cesse d'un homme depuis le début du confinement, mais les réveils se révèlent tous décevants. Dans l'émission "Sans Rendez-vous", lundi, la sexologue Catherine Blanc donne des pistes pour comprendre ce phénomène.

"Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves" : la célèbre citation de l'ancienne Première dame américaine Eleanor Roosevelt peut-elle satisfaire Céline, elle qui ne cesse de rêver d'un homme qu'elle n'a jamais conquis depuis le début du confinement ? Pourtant, ses réveils sont aussi décevants que ses nuits sont riches, et cette auditrice confie déprimer un peu face à ce décalage. Dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1, lundi après-midi, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc lui répond.

La question de Céline

"En ce moment, je fais des rêves très agréables, avec principalement un homme qui me plait. Avec lui, il ne s'est rien passé dans la réalité. Ces rêves sont extrêmement décevants au réveil, tant j'y ai cru. Le confinement se passe plutôt bien, mais ces rêves me dépriment. Qu'en pensez-vous ?"

La réponse de Catherine Blanc

"D'abord, peut-être que Céline n'était pas attentive en d'autres temps, ou de façon moins récurrente. Les rêves peuvent être extrêmement réels, nous pouvons vraiment avoir des réactions de peur, de froid, de jouissance intenses. On est très confrontés à une réalité corporelle. Notre corps participe de toutes nos émotions qui se jouent dans la mise en scène de nos rêves, orchestrés par notre inconscient. C'est assez classique, nous pouvons tous les vivre. En général, nous nous réveillons à temps avant de mourir, par exemple. On se fait des sueurs froides ou des délices infinies.

Il y a une dichotomie entre ses journées de confinement qui se passent très bien, dans lesquelles elle semble être dans le confort, et ses nuits de jouissance, comme si le réveil était l'acceptation de la frustration accentuée par l'état du confinement. Évidemment, on peut se poser la question de savoir si le confinement lui permet toutes les libertés sexuelles qu'elle ne se permettrait pas en temps habituel. C'est peut-être ça qui se joue.

Elle est dans une situation extrêmement érotisée parce que dans son quotidien, elle se l'interdirait. Là, comme il n'y a pas de possibilité de passage à l'acte, il y a toutes les libertés, toutes les portes qui s'ouvrent. Peut-être que le confinement remplit son interdit habituel : c'est le confinement qui dit stop, et donc elle s'ouvre des fenêtres formidables durant ses nuits. Sauf qu'à son réveil, elle est dans la frustration du décalage."

Est-ce prémonitoire ? Doit-elle envoyer un message à cet homme ? 

"C'est toujours difficile de faire la part du prémonitoire et de ce qui ne l'est pas. C'est prémonitoire de son désir, en tout cas. Elle est animée de désir pour cet homme, de désir tout court qui se pose sur cet homme. Parce que c'est cet homme qui a attiré son attention peut-être avant le confinement ou qui représente suffisamment de choses qui lui sont personnelles ou familières pour qu'elle ait projeté ce désir-là.

Quand bien même elle se présenterait à lui, elle pourrait nourrir un peu plus l'érotisme ou être dans la rencontre de la frustration plus encore, parce qu'elle n'y verrait pas d'écho. En tout cas, ça raconte son désir qui a besoin de s'autoriser ; peut-être s'est longuement interdite, limitée ou inhibée. Le confinement lui a donné l'envie d'ouvrir la fenêtre de ce désir-là."