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Catherine Blanc
Colocataires, Cécile et son ami ont dérapé la semaine dernière alors qu'ils regardaient un film. Mais la jeune femme ne souhaite pas entrer dans une relation avec lui. La sexologue et psychanalyste Catherine Blanc lui répond vendredi dans "Sans Rendez-vous", sur Europe 1.

Cécile et son colocataire vivent ensemble depuis plus de deux ans. Mais la semaine dernière, patatras ! "Les choses ont dérapé", dit-elle, et ce qui n'était jusqu'alors pas envisagé entre ces deux amis est devenu réalité. Ce qui s'est passé trouble Cécile, qui n'a pas envie d'entretenir cette relation amoureuse. Dans l'émission Sans Rendez-vous sur Europe 1, vendredi après-midi, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc répond à ses angoisses et lui donne des clés pour prendre du recul sur ce qu'il s'est passé.

La question de Cécile

"Je suis en colocation depuis plus de deux ans avec un garçon. Notre relation a toujours été amicale sans aucune allusion sexuelle. Cependant, la semaine dernière, alors que nous regardions un film tous les deux, les choses ont dérapé. Selon moi, nous étions juste en manque tous les deux à cause du confinement, je ne ressens aucun sentiment amoureux envers lui et je n'aimerais pas qu'il s'emballe. Je regrette. Que dois-je faire ?"

La réponse de Catherine Blanc

"On peut être en désir de quelqu'un sans pour autant tomber amoureux. Toute la difficulté pour Cécile réside dans le fait qu'elle se retrouve de toute façon avec son coloc et qu'elle va poursuivre sa colocation avec lui. Vient de se mêler à leurs échanges quelque chose qui participe d'une intimité qu'elle n'est pas sûre de pouvoir poursuivre. Elle ne veut manifestement pas que ça prenne quelque élan que ce soit, et que ça puisse donner naissance à un sentiment amoureux.

La situation est complexe, mais souvent, le fait d'être ensemble sans extérieur, sans possibilité de rencontrer ce qui nous correspondrait le mieux, nous conduit à faire avec nos désirs, qui trouvent des appuis sur les personnes qui sont autour de nous.

Si nous étions sur une île déserte, on attendrait pas qu'il y ait l'homme ou la femme de sa vie, mais la personne que l'on rencontre, pour faire vivre quelque chose au-delà du désir sexuel qui a absolument besoin d'aboutir. Il y a un enjeu vital, de survie, de procréation initialement, qui nous pousse à nous rencontrer et nous voir complémentaires, tant du point de vue sexuel que du point relationnel.

Il n'y avait pas d'indices annonciateurs de ce qui allait se passer ?

On peut réviser nos jugements selon des circonstances que l'on a pu imaginer pour soi, comme l'urgence. Michel Blanc disait dans Les Bronzés : 'Si on imagine qu'on meurt, on peut conclure !' Le désir ne nécessite pas absolument de devoir vivre et on peut se dire qu'il s'appuie bien sur quelque chose.

Ça ne va pour autant dire qu'il y avait quelque chose. Il y avait certainement une complicité, une amitié, qui est une relation d'amour, de tendresse, de reconnaissance, de bien-être avec l'autre. Il n'y avait pas d'élan sexuel, d'élan amoureux au sens sexuel du terme. Il y avait quelque chose qui liait ces gens pour qu'ils arrivent à vivre ensemble.

Le désir motivé par la fatigue, par le film, tout d'un coup se fait jour dans un moment d'intimité, de proximité, dans des confusions d'interprétation des regards. Pour paraphraser La Fontaine : 'Désir, désir, quand tu nous tiens, on peut bien dire adieu prudence.' Ce n'est pas le tout de s'engager dans une relation avec quelqu'un, la question se pose aussi de savoir comment ça se passe après.

Que peut faire Cécile ?

Quand nous étions de jeunes adolescents et qu'on ambitionnait les premiers flirts, on craignait d'embrasser un ami, parce qu'on avait peur de perdre un ami. On préférait embrasser l'étranger plutôt que l'ami, par peur de le blesser si d'aventure on ne pouvait pas poursuivre la relation. 

De toute façon, ils sont colocs, il y a des enjeux. Elle peut dire qu'elle a été troublée de cette relation, qui ne lui parait pas tout à fait en adéquation ce qui se joue dans leur relation, et ceci très gentiment, même s'ils devaient récidiver. Après tout, ce n'est pas grave, ce sont deux adultes."