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La loi Veil a 50 ans : où en est le droit à l'avortement dans le monde ?

Emma Ben Youssef Sudarovich - Mis à jour le . 3 min
50 ans après la loi Veil, où en est le droit à l'avortement dans le monde
50 ans après la loi Veil, où en est le droit à l'avortement dans le monde © Laurent Demartini / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Il y a 50 ans, la France adoptait le texte de loi sur la dépénalisation du recours à l'interruption volontaire de grossesse, connu sous le nom "loi Veil". Un droit durement acquis en France, mais également dans d'autres pays du monde. L'IVG reste cependant formellement interdite dans de nombreux États.

"Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300.000 avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui traumatisent ou humilient celles qui y recours". Il y a 50 ans, jour pour jour, Simone Veil se dressait devant une Assemblée très majoritairement masculine pour porter l'un des grands textes de notre histoire. Il y a 50 ans, la ministre de la Santé faisait adopter la loi de dépénalisation du recours à l'interruption volontaire de grossesse, plus connu sous le nom d'IVG. 50 ans plus tard, où en est ce droit dans le monde ?

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Chaque année, 220.100 IVG sont réalisées en France, et ce, dans des conditions ne mettant pas la vie de la femme en danger. Dans le monde, si le recours à l'avortement est utilisé environ 73 millions de fois par an, 45% sont non sécurisés, selon une étude du gouvernement. Aujourd'hui, 41% des femmes, vivent dans un État qui limite ou interdit purement et simplement ce droit, faisant ainsi de l'avortement la troisième cause de mortalité maternelle dans le monde.

Une interdiction totale ou très limitée

24 pays interdisent formellement le recours à l'interruption volontaire de grossesse quel que soit le contexte dans lequel se trouve la femme souhaitant avorter. C'est le cas, entre autres, à Madagascar, en Égypte ou encore aux Philippines, où avorter est considéré comme un crime passible de peine de prison. Les femmes sont donc contraintes de se cacher, de trouver un médecin voulant bien opérer dans l'illégalité, tout en mettant leur propre vie en danger pour y recourir.

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Pour justement éviter la mort des femmes, 41 pays autorisent l'avortement afin de sauver leur vie ou dans certains cas de viols. En 2018 par exemple, une jeune Indonésienne de 15 ans avait été condamnée à de la prison pour avoir avorté à la suite du viol commis par son frère. Pourtant l'archipel autorise le recours à l'IVG dans certains cas de viol. Au Brésil, le sujet revient régulièrement dans le débat public. Considéré comme "un crime contre la vie humaine", des manifestations avaient éclaté pendant la campagne présidentielle de 2023 sous le slogan "être une fille n'est pas être une mère".

En Iran, où les restrictions sont similaires, les droits des femmes à ne pas procréer sont en net recul depuis 2021. Le guide suprême Ali Khamenei, qui souhaite voir la population iranienne s'agrandir, a rendu les accès à l'IVG et à la contraception particulièrement difficiles. À la suite de la mort de Masha Amini en 2022, les Iraniennes ont relancé leur combat pour disposer librement de leur corps, à travers le mouvement "Femme, Vie, Liberté".

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Un droit fragile

En Europe, la Cour constitutionnelle polonaise a supprimé la "malformation grave et irréversible du fœtus ou de maladie incurable menaçant la vie du fœtus" comme motif d'avortement. Or, environ 90% des femmes y recouraient justement dans ce cas de figure, selon Amnesty International. D'un autre côté, Malte a voté en 2023 et pour la première fois de son histoire, l'ouverture des droits à l'avortement. Fortement limités, ils restent tout de même parmi les plus restrictifs sur le vieux continent. 

Au Mexique et aux États-Unis, l'accès à l'IVG est contrôlé par les États fédérés. Si jusqu'en 2022, il s'agissait d'un droit constitutionnel étendu à l'ensemble de la première puissance mondiale, l'abrogation de l'arrêt de Roe vs Wade a transformé la donne. Depuis la date du 24 juin 2022, chaque État est libre de choisir sa propre politique en matière d'interruption volontaire de grossesse, en fonction donc de ses convictions morales, politiques ou encore religieuses. Deux ans après, 14 États l'ont formellement interdit et d'autres ont limité son accès. Cependant, une petite vingtaine ont renforcé les droits à l'avortement, tels que la Californie. 

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La suppression de l'arrêt Roe vs Wade a entrainé une vague de réactions à travers le monde et plusieurs États ont décidé d'aller dans le sens inverse. C'est notamment le cas de la France, qui a été le premier pays au monde à inscrire l'IVG dans sa loi organique le 8 mars 2024, saluant ainsi le combat de Simone Veil qui appelait en 1975 à "faire confiance" à la jeunesse "pour conserver à la vie sa valeur suprême".