Karine Jacquemart : "Tous les acteurs sont responsables dans l'affaire Lactalis"

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La directrice de Foodwatch, Karine Jacquemart dénonce les défaillances de "tous les acteurs" dans l'affaire Lactalis
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U.P. , modifié à
Alors qu'Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, doit s'exprimer publiquement sur le scandale "Lactalis", Karine Jacquemart estime que c'est l'ensemble des acteurs, y compris l'Etat, qui sont responsables de la crise sanitaire.
INTERVIEW

Qui est responsable de la vente de lots de lait contaminé dans les supermarchés malgré les rappels ? Alors que le groupe Lactalis va devoir s'expliquer face au ministre de l'Economie, Bruno Lemaire, la directrice de l'ONG Foodwatch, Karine Jacquemart, dénonce "un système d'impunité" et le manque d'information des consommateurs.

"Tous les acteurs sont responsables". Tandis que le patron des centres Leclerc a évoqué, jeudi, "une défaillance" des services de l'Etat dans l'affaire Lactalis, la directrice de Foodwatch dénonce des défaillances de "tous les acteurs" ainsi que les flous qui entourent cette affaire : à quel moment a-t-on découvert que des lots étaient contaminés ? Quelles mesures ont été prises ? Karine Jacquemart rappelle que la réglementation européenne qui date de 2002 est très claire : "tous les acteurs de l'industrie agro-alimentaire et les autorités publiques sont obligés de s'assurer qu'il n'y a pas de pas de produit dangereux pour la santé commercialisé." Avant de poursuivre, "Lactalis, les industriels et l'Etat sont tous en première ligne, nous sommes en France en 2018, il faut que la réglementation s'applique." 

L'affaire remonte à 2005. Karine Jacquemart rappelle que Foodwatch avait dénoncé dans deux lettres écrites aux autorités en décembre 2017, des cas de salmonelle détectés dans une usine dès 2005. L'ONG avait demandé dans ces lettres les détails des procédures de contrôle, "ce qu'il s'est passé" entre 2005 et 2017.

Un "sursaut tardif" du gouvernement. La directrice de Foodwatch se dit également contente de voir la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, évoquer publiquement l'affaire, même si elle regrette que le sursaut du gouvernement soit "tardif". "Il s'agit d'une affaire de santé publique, il est essentiel que les autorités publiques jouent leur rôle et protègent véritablement les citoyens", martèle-t-elle. "Il est temps que les sanctions tombent. Nous n'en sommes pas au premier scandale, et nous n'avons pas vu beaucoup de sanctions sur ces scandales ces dernières années", regrette-t-elle.

Changer les contrôles. Les réglementations européenne et française sont jugées "assez solides" par Karine Jacquemart, mais "pas suffisantes". Si les entreprises sont tenues à s'auto-contrôler, cela ne doit pas empêcher l'Etat de veiller à ce que ces contrôles soient bien effectués. "Ce n'est pas la responsabilité de l'un ou de l'autre, c'est une chaîne d'obligations" qui doit protéger le consommateur. 

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