L'organisation de producteurs réclame une augmentation de 5%, contre les 3,7% proposés par Lactalis en guise de compromis. 1:39
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Maximilien Carlier avec AFP / Crédit photo : DAMIEN MEYER / AFP , modifié à
Face à la colère des agriculteurs, Lactalis, le géant mondial du lait, a proposé une augmentation de 15 euros par 1.000 litres de lait à ses producteurs pour les deux premiers mois de 2024. Cependant, ces derniers ont refusé la hausse. Ce lundi, des éleveurs de vaches laitières ont bloqué une usine de yaourts.

Le géant mondial du lait Lactalis a proposé une augmentation de 15 euros par 1.000 litres de lait à ses producteurs pour les deux premiers mois de 2024, mais ces derniers l'ont refusée, selon le groupe industriel laitier et selon Les Echos. "Dans un esprit constructif, Lactalis France révise son prix de janvier en le portant de 405 EUR/1.000 L à 420 EUR/1.000 L en 38/32 et l'augmente de 15 EUR également en février à 420 EUR. Cet effort correspond à 15 EUR de plus que la formule contractuelle Unell-Lactalis", a indiqué Lactalis dans un communiqué samedi. Le lait 38/32 est le standard du secteur et signifie 38 grammes de matière grasse et 32 grammes de matière protéique par litre.

L'organisation de producteurs réclame une augmentation de 5%

Toutes primes confondues, cela porte la rémunération totale aux producteurs "à 460 EUR/1.000 L sur les deux premiers mois de l'année", fait valoir l'industriel. Mais selon Lactalis, l'Unell, qui représente plus de 4.000 exploitations laitières livrant plus de 2 milliards de litres de lait à Lactalis, a rejeté cette proposition. Contacté dimanche par l'AFP, l'Unell n'était pas joignable dans l'immédiat pour commenter ces informations. Selon les Échos, l'organisation de producteurs réclame une augmentation de 5%, contre les 3,7% proposés par Lactalis en guise de compromis. "Lactalis France poursuivra le dialogue avec l'Unell sous l'égide de la médiation", a confirmé dimanche Lactalis à l'AFP.

Mi-janvier, avant que les mobilisations nationales d'agriculteurs ne réclament entre autres de meilleurs revenus, des producteurs de lait avaient manifesté devant plusieurs sites Lactalis de l'ouest de la France pour dénoncer le prix de 405 euros pour 1.000 litres (soit 40 centimes le litre), fixé selon eux unilatéralement par le groupe et qui "ne tient pas compte du tout de la loi Egalim" qui prévoit "de la négociation et de l'intégration des coûts de production du lait sorti de nos fermes".

Actuellement, le prix du lait "est loin des besoins des éleveurs au regard de l'évolution des coûts de production et des investissements nécessaires pour maintenir leur activité et attirer des jeunes", avait dénoncé peu de temps auparavant la section laitière de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles de l'Ouest (FRSEAO). Pour calmer la colère des agriculteurs, le Premier ministre Gabriel Attal a promis jeudi un "renforcement" de la loi Egalim, avec des "contrôles massifs" sur les industriels et les distributeurs, ainsi que des sanctions contre ceux qui ne respecteraient pas cette loi.

"Lactalis, tu sèmes la misère, récolte notre colère"

Ce lundi, le bras de fer entre les producteurs et Lactalis s'est poursuivi avec le blocage d'une usine de yaourts du géant laitier à Douai, dans le Nord, par une dizaine de tracteurs. Aucun camion ne sort. "Jeunes agriculteurs sous pression. Lactalis, tu sèmes la misère, récolte notre colère", peut-on lire.

"Lactalis est le numéro un mondial des produits laitiers. C'est l'industriel qui paye le moins cher en ce moment sur le marché du lait", insiste Bertand, éleveur de vaches laitières. "Donc il ne respecte pas la nouvelle loi EGALIM qui doit tenir compte de nos prix de revient. Et nous, chaque jour, quand on travaille dans nos fermes, on perd un peu d'argent."

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© Maximilien Carlier / Europe 1

La hausse de 15 euros pour 1.000 litres de lait proposée par l'industriel n'est pas suffisante, insiste Bertrand. Une juste rémunération, c'est ce que demande Hubert, un autre éleveur. "Nous sommes de moins en moins nombreux comme producteurs de lait. Ce n'est pas avec ces prix-là qu'on va motiver les jeunes. À côté de chez moi, j'ai un jeune de 40 ans qui jette l'éponge, qui va arrêter la production laitière parce que l'investissement est trop fort. Et quand il voit le coût investi, et ce que ça peut rapporter, il abandonne", regrette Hubert.

"L'avenir m'inquiète car on sait qu'on va manquer de producteurs dans les années à venir", conclu l'éleveur. Le blocage de l'usine devrait se poursuivre ce lundi après-midi. Une autre action est envisagée : sortir les yaourts et desserts Lactalis des rayons d'un hypermarché.