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Kamel Daoud : «Persécution judiciaire», «mauvais arabe en France»... Ses confidences au «Figaro»

Alexandre Chauveau, avec AFP / Crédits photo : Magali Cohen / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP - Mis à jour le . 2 min
Céline Géraud

Europe 1 13h

Céline Géraud

L'écrivain franco-algérien Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024 pour son roman "Houris" mais visé par deux mandats d'arrêt internationaux émis par l'Algérie et une plainte en France en raison de ce livre, dénonce "une forme de persécution judiciaire". L'auteur se confie également sur son sentiment d'être "un mauvais arabe en France".

Visé par deux mandats d'arrêt internationaux émis par l'Algérie et une plainte en France, l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud, accusé par une femme d'avoir volé son histoire pour son roman Houris, a dénoncé lundi "une forme de persécution judiciaire" auprès du journal Le Figaro. Le lauréat du prix Goncourt en 2024 a également estimé que ces poursuites étaient "une façon de l'enfermer dans un labyrinthe de procédures".

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Kamel Daoud dit avoir l'impression d'être "un mauvais arabe en France"

Le fil rouge de son interview accordée au Figaro repose sur un sentiment d'"arabe victimaire" qui vit dans "la haine de la France". Il critique le régime algérien qui lui reproche le thème de son roman récompensé au Goncourt. Victime de persécution judiciaire en Algérie, Kamel Daoud s'en prend aussi au traitement médiatique en France et cible, sans les nommer, des médias comme Libération, Le Monde ou Mediapart.

"En Algérie, on vous rejette en vous considérant comme un suppôt de la France. En France, on vous dicte le bon rôle du bon Algérien. On vous fait croire que vous êtes une victime. Parfois, à ces gens, j'ai envie de répondre que je peux me défendre, que je sais parler français et même mieux qu'eux", répond l'écrivain, coupable selon ses termes d'être "un traître en Algérie et un mauvais arabe en France".

Deux mandats d'arrêts internationaux

La justice algérienne a lancé deux mandats d'arrêts internationaux contre Kamel Daoud et son épouse psychiatre, afin de les faire juger pour violation de la vie privée d'une plaignante algérienne, qui les accuse d'avoir utilisé le récit de sa vie pour "Houris" (Gallimard).

Cette plaignante, Saâda Arbane, est une rescapée d'un massacre pendant la décennie noire de guerre civile en Algérie. "Je ne cherche pas à censurer un écrivain, je cherche à faire reconnaître un préjudice réel et très grave", avait-elle plaidé dans un entretien dimanche à l'AFP.

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Apprenant être visé par ces mandats d'arrêt, Kamel Daoud avait aussitôt indiqué par la voix de son avocate qu'il allait les contester auprès d'Interpol. Une procédure civile pour le même motif est en cours devant le tribunal judiciaire de Paris. Une première audience de procédure a eu lieu mercredi et la prochaine aura lieu le 10 septembre.

Un livre interdit par la loi en Algérie

Kamel Daoud avait affirmé mi-décembre sur la radio France Inter que "tout le monde connaît (cette) histoire en Algérie, et surtout à Oran. C'est une histoire publique". "Le fait qu'elle se reconnaisse dans un roman qui ne la cite pas, qui ne raconte pas sa vie, qui ne raconte pas les détails de sa vie, je suis désolé", avait poursuivi l'écrivain.

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Houris, qui désigne dans la foi musulmane les jeunes filles promises au paradis, est un roman sombre se déroulant en partie à Oran sur le destin d'Aube, jeune femme muette depuis qu'un islamiste lui a tranché la gorge le 31 décembre 1999. Il ne peut pas être édité en Algérie, car il tombe sous le coup d'une loi interdisant tout ouvrage sur la décennie noire, qui a eu lieu entre 1992 et 2002 et a fait au moins 200.000 morts, selon des chiffres officiels.