Jugement mardi pour Alexandra D., fausse victime présumée du 13-Novembre

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avec AFP , modifié à
Alexandra D., poursuivie pour escroquerie et faux témoignage, sera fixée sur son sort mardi. Elle avait prétendu pendant trois ans être une victime du commando des terrasses lors des attentats du 13 novembre. Le parquet a requis 18 mois de prison ferme à son encontre.

Après trois ans de mensonge, elle avait finalement reconnu qu'elle n'était pas à la terrasse du Carillon, visée par un commando djihadiste le 13 novembre 2015 à Paris : Alexandra D., poursuivie pour escroquerie et faux témoignage, connaîtra son jugement mardi.

Soupçonnée d'escroqueries. Devant le tribunal correctionnel le 2 octobre, cette Parisienne de 32 ans a avoué en pleurant qu'elle était "coupable", et "demandé pardon". Il lui est reproché d'avoir escroqué le Fonds de garantie des victimes de terrorisme et autres infractions pénales (FGTI) à hauteur de 20.000 euros, mais aussi l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT), grâce à laquelle elle avait bénéficié d'un stage thérapeutique dans un hôtel en Normandie.

De "J'aurai dû y être" à "j'y étais". Le soir du 13 novembre 2015, cette habituée du Carillon avait prévu d'y aller avant de changer de programme. Les attentats les plus sanglants commis en France, qui avaient ciblé des terrasses de cafés, la salle du Bataclan et le Stade de France, avaient fait 130 morts. Après l'attentat du Carillon dans lequel elle a "perdu des connaissances", avait surgi une écrasante "culpabilité", a-t-elle assuré : "Est-ce que j'aurais pu les sauver ?" Dans sa tête, le "'j'aurais dû y être'" était devenu "'j'y étais'".

Des témoignages contradictoires. Photos d'une cicatrice à l'appui, Alexandra D. avait raconté avoir été touchée au coude par une rafale de kalachnikov. Elle qui s'était fait tatouer la devise de Paris, "Fluctuat nec mergitur", se prêtait volontiers à l'exercice de séances photos avec des médias et aimait rencontrer les officiels lors des cérémonies d'hommage. 

De nombreuses incohérences dans son récit, parmi lesquelles des déclarations contradictoires dans les médias, avaient conduit à l'ouverture d'une enquête. "Dans mon mensonge, ma stupidité, ma douleur", "je suis rentrée dans une machine", "j'avais les deux pieds dedans", a-t-elle affirmé, décrivant la "bulle de protection" que représentait la principale association de victimes du 13-Novembre, Life for Paris.

Pas d'appât du gain, selon son avocat. Alors que la jeune femme a assuré n'avoir "jamais été dans la recherche pécuniaire", le parquet a requis 18 mois ferme contre elle, pointant un dossier "marqué par la cupidité" de celle qui avait relancé dix fois le Fonds de garantie. "On est beaucoup plus dans une cavale psychique que dans une logique d'escroquerie", a au contraire soutenu son avocat, William Bourdon. L'affaire "a détruit ma vie", a expliqué Alexandra D. Menacée sur les réseaux sociaux, elle a perdu son emploi en raison de cette affaire. Une quinzaine de personnes ont déjà été condamnées pour tentative d'escroquerie ou escroqueries liées aux attentats de 2015.