Journée sans téléphone portable : "C'est dangereux lorsqu'il devient un prozac interactif"

Selon les études de Wired, les 35-49 ans sont les plus connectés.
Selon les études de Wired, les 35-49 ans sont les plus connectés. © Niek Verlaan/Pixabay
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Guilhem Dedoyard , modifié à
La dépendance au téléphone portable est devenu un mal moderne. Samedi sur Europe 1, le docteur Michael Stora, psychanalyste et fondateur de l’Observatoire des mondes numériques et sciences humaines, a évoqué ce problème. S'il reconnait les facilités que peut apporter le smartphone au quotidien, il appelle à ne pas oublier le réel et les liens physiques.
INTERVIEW

Sommes-nous accros à nos téléphones portables ? La Journée mondiale sans mobile a lieu dimanche, l'occasion de nous interroger sur notre dépendance au numérique et sur son impact sur l'environnement. Le docteur Michael Stora, psychanalyste et fondateur de l’Observatoire des mondes numériques et sciences humaines, estime sur Europe 1 qu'il faut faire attention à notre consommation d'écrans. "C'est très dangereux lorsque notre portable devient une sorte de prozac interactif, un anti-dépresseur", affirme-t-il.

Michael Stora ne rejette pas le téléphone par principe. Il lui trouve même de nombreux avantages : "Au moment du confinement, heureusement que nous avions internet pour rester en lien", rappelle-t-il. Pour autant, il estime que le téléphone a tendance à être un "doudou sans fil", un objet qui permet de "pallier des sentiments de malaise". Selon lui, "la question de la dépendance est toujours présente, même si elle n'a jamais été validée par les grandes instances psychiatriques comme l'OMS".

"Il ne faut pas sombrer dans un monde d'images"

Michael Stora plaide ainsi pour "un retour vers des valeurs qui nous rappellent que nous sommes en contact avec les autres réellement". Selon lui, c'est lorsque nous perdons cela de vue que "le portable devient une sorte de palliatif, une prothèse". "Le visuel n'est pas la sensorialité la plus empathique. Il ne faut pas sombrer dans un monde d'images", met-t-il en garde.

Et ces considérations ne sont pas seulement valables pour les enfants puisque "des études de Wired montrent que ce sont les 35-49 ans qui sont les plus connectés". Le psychanalyste met aussi en garde contre les réseaux sociaux qui dans une économie de l'attention peuvent amener à de la "déprime, un sentiment de dévalorisation" ou de la souffrance chez les adolescents qui y passent trop de temps.