Journée mondiale des enseignants : "Seuls 5% des professeurs de collège se sentent valorisés par la société"

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Anaïs Huet
Comme chaque année, le 5 octobre est l'occasion de se pencher sur les conditions de travail des enseignants. En France, le constat dressé par un analyste de l'OCDE, interrogé par Europe 1, est plus quye mitigé.
INTERVIEW

Les enseignants en France n'ont pas le moral. "Il y a un chiffre très inquiétant : seuls 5% des enseignants de collège se sentent suffisamment valorisés par la société", note Eric Charbonnier, analyste de la direction de l'éducation à l'OCDE. "C'est la proportion la plus petite des pays de l'OCDE", précise-t-il chez Matthieu Noël vendredi matin, à l'occasion de la Journée mondiale des enseignants.

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Un manque d'attractivité manifeste. Pour l'expert, il faut rapidement mettre en œuvre des mesures pour "recréer un climat de confiance entre les familles et l'école, entre les familles et les enseignants." Ce chiffre sur le manque de valorisation des enseignants est aussi la preuve formelle "d'un problème de recrutement"n poursuit Eric Charbonnier. "Les salaires ne sont pas très attractifs : 1.800 euros brut pour un débutant, c'est deux fois moins qu'en Allemagne. Il y a aussi un problème d'affectation. Les jeunes enseignants vont travailler dans les zones les plus défavorisées, et ils sont insuffisamment préparés". Or, dans la plupart des pays, "on fait des stages, puis on passe le concours", illustre-t-il. Résultat, pour les jeunes professeurs, cela "crée toute une série de découragements dès le début de la carrière."

"Nos enseignants sont mal préparés". Dès lors, pour Eric Charbonnier, il serait bon de s'inspirer de certains de nos voisins, parmi lesquels la Finlande, où "le modèle de formation mêle savoir et savoir-faire". Contrairement au pays scandinave, en France, "on croit que le savoir prime, alors qu'aujourd'hui, on a des classes de plus en plus hétérogènes. Il faut faire de la pédagogie différenciée, et nos enseignants sont mal préparés sur ce volet, ils le disent eux-mêmes", juge Eric Charbonnier. Toujours en Finlande, "l'équipe pédagogique s'entraide", à l'inverse de la France où "les enseignants sont souvent isolés et mal accompagnés." Autant de chantiers qui attendent le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer.