Jérôme Rodrigues et trois autres "gilets jaunes" blessés portent plainte pour violences volontaires et complicité

Jérôme Rodrigues et Franck Didron ont tous les deux été blessés à l'oeil en marge d'une manifestation des "gilets jaunes".
Jérôme Rodrigues et Franck Didron ont tous les deux été blessés à l'oeil en marge d'une manifestation des "gilets jaunes". © Zakaria ABDELKAFI / AFP
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avec AFP , modifié à
Quatre plaintes, dont une émanant de Jérôme Rodrigues, ont été déposées jeudi pour violences avec arme par les forces de l'ordre.

La figure des "gilets jaunes" Jérôme Rodrigues, blessé à un œil lors d'une manifestation à Paris, et trois autres manifestants blessés ont déposé plainte jeudi pour violences volontaires avec arme par les forces de l'ordre, a appris l'AFP auprès de leur avocat. Ils ont également porté plainte contre le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, pour complicité.

Quatre plaintes déposées. "Nous avons déposé ce jour devant le doyen des juges d'instruction (...) quatre plaintes criminelles avec constitution de partie civile pour violences volontaires aggravées par personne dépositaire de l'autorité publique, en réunion et ayant entraîné une mutilation permanente ; et complicité de violences volontaires aggravées contre X et contre M. Delpuech, préfet de Paris", a déclaré à l'AFP Me Arié Alimi. Ces quatre plaintes concernent Jérôme Rodrigues, qui affirme avoir perdu l'usage de son œil droit à cause d'un tir de lanceur de balle de défense (LBD) le 26 janvier à Paris, Sébastien Maillet, qui a eu la main arrachée samedi dernier selon lui par l'explosion d'une grenade près de l'Assemblée nationale, ainsi que Franck Didron et Antoine Coste, qui affirment également avoir perdu un œil à la suite de tirs de LBD lors de manifestations dans la capitale.

"Nous avons perdu le lien de confiance avec le parquet". "Nous avons déposé ces plaintes car nous avons perdu le lien de confiance avec le parquet de Paris, compte tenu de deux faits graves qui se sont déroulés hier (mercredi)", a expliqué Me Alimi. "Il y a eu violation du secret de l'enquête dans l'affaire Rodrigues, s'agissant de l'expertise qui ne pouvait être détenue que par les services de l'IGPN", l'Inspection générale de la police nationale, a-t-il détaillé. Mercredi, BFMTV a révélé que selon les expertises, le sang retrouvé sur la balle de LBD remise à l'IGPN par son avocat n'était pas celui de Jérôme Rodrigues.

"Par ailleurs, il y a eu des mesures d'intimidation par les services de l'IGGN (Inspection générale de la gendarmerie nationale) contre M. Sébastien Maillet à l'hôpital Georges-Pompidou" à Paris, a ajouté Me Alimi, qui dit avoir des témoignages, des vidéos ainsi que des enregistrements vocaux de la scène. Selon lui, les enquêteurs de l'IGGN qui se sont présentés mercredi après-midi devant la chambre d'hôpital de Sébastien Maillet, ont refusé de quitter les lieux, comme le demandaient Sébastien Maillet et Arié Alimi, les obligeant à faire intervenir la police pour les faire partir.

Deux demandes d'expertises déposées. Deux demandes d'expertises ont également été déposées devant le tribunal administratif de Paris. Le premier référé-expertise concerne la grenade GLI-F4, "pour connaître la puissance réelle et également la composition du gaz lacrymogène émis par ces grenades", a précisé Me Alimi. Le second concerne le LBD 40, dans le but d'"obtenir des explications sur la puissance effective de cette arme et sur l'adéquation entre les munitions utilisées et l'arme".

Jeudi, des experts des Nations unies (ONU) ont condamné l'usage "disproportionné" de la force par la police dans les manifestations. Un groupe d'experts des Droits de l'homme de l'ONU a dénoncé un droit de manifester "restreint de manière disproportionné" en France. "Les autorités devraient repenser leurs politiques en matière de maintien de l'ordre pour garantir l'exercice des libertés", appellent-il dans un communiqué.