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Caroline Baudry (à Montauban) / Crédits photo : JUSTINE BONNERY / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
La colère des agriculteurs est de plus en plus forte et leurs manifestations de plus en plus nombreuses en France. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a dit vouloir apporter des réponses rapides et parmi les urgences sur la table, il y a les négociations commerciales sur le prix de l'alimentation et la simplification. 

De la paperasse et des normes parfois absurdes. Le monde agricole gronde depuis plusieurs jours en France. Après avoir bloqué l'autoroute A64 près de Toulouse la semaine dernière, les agriculteurs ont ce mardi matin également bloqué l'autoroute A7 dans les deux sens au niveau de Saint-Rambert-d'Albon dans la Drôme. Il n'y aura "pas de levée des actions" menées par les agriculteurs, tant qu'il n'y aura "pas de décisions concrètes" de l'exécutif, a prévenu le président de la FNSEA Arnaud Rousseau avant d'être reçu à Matignon lundi soir.

À l'issue de la réunion avec la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a assuré que le Premier ministre voulait aller vite, dans la semaine pour certaines annonces. Parmi les sujets les plus urgents : les négociations commerciales sur les prix de l’alimentation et la simplification.

"Une concurrence déloyale"

Damien Garrigues est exploitant arboricole et céréalier à Montauban. Aussi président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles du Tarn-et-Garonne. Dégoûté, l'agriculteur arrache les petites pommes dans les allées du verger. De la taille d'une balle de golf, elles sont impropres à la consommation, la faute aux pucerons, puisqu'ils aspirent l'intérieur des fruits que Damien ne peut plus protéger à coup d'insecticide.

"On peut le concevoir. Si c'est dangereux, on retire le produit. Mais à côté de ça, on vient importer des produits d'Espagne qui contiennent cette molécule ! On se retrouve avec une concurrence déloyale", regrette-t-il. 

"Je ne comprends plus, je sature"

30% de sa récolte est perdue. Autre coup dur du côté des champs, les graines n'ont pas pu être semées, car les sols sont détrempés mais Damien est hors-la-loi. "L'administration nous oblige à semer nos couverts végétaux entre telle date et telle date. Et ils croient qu'avec un calendrier et un stylo, on peut semer quand on en a envie. Ce n'est pas le cas à cause des conditions météorologiques", lance-t-il.

Un revenu de 850 euros par mois

Il vit dans la peur qu'une nouvelle norme lui tombe sur la tête. Les piles de classeurs envahissent son bureau. "On nous demande de noter la pluviométrie. Quel opérateur, à quelle heure il a commencé, à quelle heure il a terminé. Beaucoup de choses se recroisent, mais on est obligé. Chacun veut son petit papier, chacun son formulaire. Je ne comprends plus, là, je sature", glisse-t-il au micro d'Europe 1.

Sa vie de famille en pâtit. Avec 850 euros de revenus mensuels, Damien ne peut pas partir en vacances avec ses enfants. Mais si les agriculteurs changent de métier, dit-il, "qui nourrira les Français ?"