Marseille quartier nord 1:42
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Stéphane Burgatt, édité par Loane Nader // crédit photo : Delphine Lefebvre / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
La venue d'Emmanuel Macron à Marseille ce lundi, pour une "immersion" de trois jours, remet le débat des meurtres et violences engendrées par le trafic de drogues sur la table. Cette année, 23 personnes ont perdu la mort à cause des conflits entraînés par ces activités illégales, et des centaines d'autres voient leur niveau de vie dégradé au quotidien.

La menace de balles perdues, la multiplication des règlements de compte, le trafic incessant près des quartiers d'habitation... La vie quotidienne des Marseillais se dégrade d'années en années à cause des trafiquants de drogue. Ce lundi, le président de la République est en déplacement pour trois jours dans la cité phocéenne, afin d'aider la ville à rattraper ses retards en matière de salubrité dans les écoles et les transports en commun. Cette visite sera évidemment l'occasion d'aborder les problématiques liées au trafic de stupéfiants. 

Ce dimanche, une fête en plein air était organisée pour les plus jeunes, mais toujours sous protection policière, une nécessité pour cette habitante de la cité du Castellas. "Qu'il y ait police, c'est nécessaire, c'est malheureux, mais oui. Là, les gens, ils vont se lâcher. Si vous passez dans pratiquement tous les quartiers nord de Marseille, il n'y a plus personne", assure-t-elle. "17 heures, 18 heures, c'est fini, c'est plié, c'est rangé. Tout le monde est enfermé, on en est là. En fait, la plupart de mes amis ont perdu un fils, un frère, un neveu. Il n'y a pas une femme des quartiers nord qui ne pleure pas aujourd'hui", déplore-t-elle par ailleurs. 

"Je fais des cauchemars parfois"

Ce jour-là, des parents comme Hakim acceptent, exceptionnellement, de laisser leur enfant jouer dehors. "Mon fils, non, je ne le fais pas descendre dans le quartier. Là, c'est vraiment exceptionnel. C'est pesant pour les parents, le fait qu'ils soient bloqués à la maison. Vous savez très bien ce qu'il se passe dans le quartier, c'est la balle perdue", regrette le père de famille. Ce dernier vit au quotidien avec la peur que son enfant soit une victime de règlement de comptes. "Vous savez que quand on va à la boulangerie qui est juste là, je ne veux même pas qu'ils se mettent devant la porte, je veux qu'il soit dans le fond de la boulangerie. C'est pas une vie. J'ai assisté aux coups de feu qu'il y a eu juste en face. Ça choque, quand vous voyez des petits jeunes partir et qui ont rien vécu..."

Les enfants de ces quartiers nord, fortement exposés au danger, grandissent ainsi dans un climat de pression et de violence, comme cet adolescent : "Je me suis fait traumatiser une fois le jour où j'étais à la mosquée. Des mecs sont rentrés dans la mosquée et ont pris quelqu'un par les cheveux. Ils lui ont tiré dessus dehors", raconte l'adolescent avec émotion. "Je parle avec personne, moi, je vais juste au collège, je rentre chez moi, rien d'autre. Pour moi, ça sert à rien l'argent facile puisque dans tous les cas, un jour ou l'autre, tu vas mourir à cause de ça, soit en prison, soit" à cause d'une arme à feu.

À quatorze ans, il sait qu'il en a déjà trop vu. "Je fais des cauchemars parfois", confie-t-il. Cette cité a déjà été le théâtre de plusieurs règlements de comptes, trois personnes ont été abattues dans la cité du Castellas depuis le début de l'année.