Myriam, 27 ans, pompier : "Je commence seulement à prendre conscience que j'ai combattu le feu à Notre-Dame"

Pompier Notre-Dame de Paris, B. Moser/BSPP 1:30
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Romane Hocquet, édité par Anaïs Huet , modifié à
Myriam Sudzinsky est caporale-cheffe et pompier depuis deux ans. Lundi soir, avec 400 autres hommes et femmes, elle a combattu sans relâche les flammes. Un combat victorieux mais intense, qu'elle n'est pas prête d'oublier. Témoignage.
TÉMOIGNAGE

À 27 ans, la caporale-cheffe Myriam Sudzinsky fait partie des premiers pompiers arrivés à Notre-Dame, lundi soir, lors de l'incendie qui a ravagé la cathédrale. Pendant 9 heures, elle a combattu les flammes avec 400 autres pompiers. Au cours de ses deux années de carrière, elle avait certes suivi des entraînements à la cathédrale, mais comment être totalement préparé à l'impensable ? Sur Europe 1, jeudi matin, elle raconte cette intervention hors norme.

"En voyant les flammes de plusieurs mètres de haut, je me suis demandée comment on allait faire. Déjà, pour monter tout en haut de la cathédrale, il faut emprunter des escaliers noirs en colimaçon, très étroits, avec nos tuyaux, l'ARI (appareil respiratoire isolant), nos tenues de feu… On a la mission d'établir la lance, et d'enrayer les propagations. Mais ça se propageait à une vitesse fulgurante. On était obligé de reculer à chaque fois. À un moment, on a même été obligés de se replier dans l'escalier.

Entendu sur europe1 :
Quand on voyait la vitesse de propagation, on se sentait ridicule avec nos deux petites lances

En ouvrant la porte, on a vu la toiture de Notre-Dame totalement embrasée. On a essayé d'arroser au maximum, mais il n'y avait rien à faire, tout s'est effondré. Quand on voyait la vitesse de propagation, on se sentait ridicule avec nos deux petites lances... À un moment, on a entendu un énorme bruit. Apparemment, c'était la flèche qui était en train de s'effondrer pas loin de nous. On a eu l'ordre d'évacuer d'urgence.

Quand on a quitté les lieux de l'intervention, vers 4 heures du matin, et quand on voyait les gens nous applaudir, ça nous a fait bizarre, parce qu'on ne se rendait pas compte. Je commence seulement à prendre conscience que j'ai combattu le feu à Notre-Dame."