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Eve Roger, édité par Rémi Duchemin , modifié à
La plupart des salariés, quand ils sont confrontés à l’addiction, quelle qu’elle soit, d’un collègue, n’osent pas en parler, par peur de s’immiscer dans sa vie privée. Et pourtant, la solution est bel et bien d’alerter le médecin du travail ou les DRH, selon les professionnels.

C’est une situation pas si rare que cela. Dans un sondage Elabe publié mercredi matin, 44% des salariés français ont le sentiment d'être confrontés fréquemment aux pratiques addictives dans leur milieu professionnel, que ce soit à l'alcool, au cannabis ou même aux médicaments. Et face à cette situation, les employés se sentent bien souvent impuissants ou démunis, ne sachant s’il faut en parler ou pas.

Pendant près de 20 ans, Ariane Pommery, juriste en entreprise a fait semblant que tout allait bien, alors qu’elle buvait de l'alcool tous les jours, en trop grande quantité. "Je suis une ancienne addict", confesse-t-elle pourtant à Europe 1. "J’arrivais de plus en plus tard le matin. Je me surmaquillais. Je me disais à chaque fois ‘est-ce que ça se voit, est-ce que ça se voit pas’, quand on me parlait. On ne m’a jamais rien dit", regrette aujourd’hui cette mère de famille, qui aurait aimé qu’on lui tende la main. "J’ai perdu des années et des années, parce que si quelqu’un avait eu le courage de me dire : ‘enfin, Ariane, ça ne va pas d’arriver aussi tard’, j’aurais réagi plus tôt. Je pense qu’on n’osait pas m’en parler. Parce que ça fait trop peur aux gens."

"Il faut s’en mêler"

Et en effet, 70% des salariés ne savent pas comment aborder le sujet, confirme Alexis Peschard, addictologue et fondateur de GAE Conseil. "La personne qui se blesse, on lui porte assistance, on lui porte secours. A partir du moment où on est sur la consommation d’alcool ou de stupéfiants, on va dire je ne veux pas rentrer dans la vie privée", explique cet intervenant en entreprise.  "Il faut s'en mêler, prévenir le médecin du travail ou alors les relations humaines."

Aujourd’hui, certains très grands groupes français, dans les travaux publics ou la banque, font intervenir directement des addictologues au sein de leurs entreprises pour aider des salariés addicts à l'alcool, mais aussi aux jeux en ligne ou même à la pornographie. Certaines PME commencent aussi à proposer un certain nombre de consultations, de visu ou par téléphone, avec des addictologues, des psychologues. Elles font aussi appel à des "patients experts", c’est-à-dire des salariés qui sont passés par là.