Jacques Toubon : "les services sociaux ressemblent à un labyrinthe"

Le défenseur des droits souligne "la politique de barrage" menée par l'administration lorsqu'il s'agit de migrants.
Le défenseur des droits souligne "la politique de barrage" menée par l'administration lorsqu'il s'agit de migrants. © Europe 1
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Sur Europe 1, jeudi, le défenseur des droits a rappelé que beaucoup de personnes ne faisaient pas jouer leurs droits, car "beaucoup se considèrent comme abandonnées".
INTERVIEW

Comment expliquer que de nombreux Français ne bénéficient pas de leurs droits ? Aujourd'hui, en France, 35 % des personnes qui pourraient toucher le RSA ne le demandent pas. Pour Jacques Toubon, le défenseur des droits, invité jeudi sur Europe 1, à l'occasion de la publication de son rapport annuel, plusieurs éléments viennent expliquer ce constat. "Il y a un effet mécanique car les services publics sont de plus en plus compliqués. L'administration, les services sociaux ressemblent de plus en plus à un labyrinthe et beaucoup de gens vulnérables, démunis n'ont pas le fil d'Ariane pour circuler dans ce labyrinthe", constate-t-il.

"Ils se disent 'à quoi bon réclamer ?'". "Beaucoup de personnes se considèrent également comme abandonnées. Certains pensent qu'eux n'y ont pas droit. Ils se disent à quoi bon réclamer. Je crois qu'il faut lutter à la fois contre cette restriction du service public et ce sentiment. Car sinon, c'est le sentiment d'appartenance à la République qui en prend un coup", alerte Jacques Toubon.

Une politique de barrage. Le défenseur des droits souligne également "la politique de barrage" menée par l'administration lorsqu'il s'agit des droits des migrants. Dans son rapport, il cite le cas d'une préfecture qui en juin dernier renvoyait une réclamante vers le ministère de l'Immigration de l'intégration et de l'identité nationale. Pourtant ce ministère n'existe plus depuis 2010. "Dans ces questions qui concernent les étrangers installés en France ou les migrants, on applique les règles de la manière la plus restrictive qui soit. Il y a une distance considérable dans le pays des droits de l'homme entre les droits universels et les droits tels qu'ils sont", déplore-t-il.