Insultés, agressés, éjectables… les directeurs de prison souffrent aussi

© Philippe LOPEZ / AFP
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Chloé Triomphe, édité par A.H.
En prison, les directeurs aussi ont le blues. La profession souffre d'une vraie désaffection car les directeurs sont tout aussi exposés aux agressions que les gardiens.

Après la colère des surveillants, le malaise des directeurs de prison. Insultes et agressions font aussi partie de leur quotidien, et ils redoutent d'être débarqués à chaque faits divers.

Coups de poings et crachats. Dans les 192 prisons du pays, les directeurs sont aussi régulièrement visés par des détenus violents. Cela se passe en détention, à l'ouverture d'une cellule, ou à l'occasion d'une commission de discipline. La fin d'année dernière s'est révélée particulièrement difficile. "Entre la mi-novembre et le 31 décembre, six directeurs des services pénitentiaires ont été agressés. Des coups de poings, avec des arcades sourcilières ouvertes, des crachats, des jets de liquides suspects… ça devient complètement intolérable", dénonce Sébastien Nicolas, membre de FO-Direction, au micro d'Europe 1.

Faire sauter le directeur, un réflexe lors des crises ? À cela s'ajoute une inquiétude qui monte : celle de servir de fusible dans une crise. L'an dernier, trois directeurs ont subi le même sort que celui de Vendin-le-Vieil, qui a dû démissionner cette semaine. Damien Pellen, du SNDP-CFDT, va demander une réponse, mercredi après-midi à la Chancellerie, où les deux syndicats majoritaires doivent être reçus. "Quel soutien avons-nous de la part de la garde des Sceaux si, à chaque fois qu'il y a un blocage et qu'on demande la tête d'un directeur, il part ? Est-ce qu'on est des fusibles ?", s'agace le directeur du centre de détention d'Argentan.

Le métier n'attire plus. Damien Pellen l'assure : au vu des conditions de travail, "ça va être un peu compliqué de trouver des candidats, ou de fidéliser ceux qui sont déjà en poste." Et pour cause, la profession n'attire plus beaucoup. Ces deux dernières années, vingt directeurs ont quitté la pénitentiaire. Ils passent dans la préfectorale, deviennent magistrats, ou encore directeurs d'hôpitaux. Quant au concours d'entrée, il souffre lui aussi d'une profonde désaffection. Seuls 16% des inscrits se sont finalement déplacés l'an dernier pour passer l'examen.