Pour beaucoup de pompiers volontaires, il est difficile de mettre son activité professionnelle entre parenthèses pour intervenir. 1:47
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Stéphane Burgatt
Les sapeurs-pompiers sont mis à rude épreuve dans de nombreux départements cet été, en raison des multiples incendies. Après l’appel de Gerald Darmanin aux chefs d’entreprise de libérer leurs salariés volontaires, les petits patrons réagissent. C'est ce qu'Europe 1 est allée constater dans la région PACA.

Parmi les sapeurs-pompiers, il y a 80% de volontaires pour seulement 20% de professionnels, à l'heure d'une crise des vocations. Si certains grands groupes comme Carrefour et Orange et le conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur ont répondu à l’appel de Gérald Darmanin, qui demandait aux chefs d’entreprise de libérer leurs salariés volontaires dans un contexte de départ de multiples incendies en France. Mais les petits patrons se disent dans l’incapacité de le faire.

Pour le secteur des TPE-PME, il semble difficile, voire impossible pour certains de faire coexister une activité professionnelle et de garde en caserne pour leurs salariés. Europe 1 s'est rendue dans le pays d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône.

 

"Il faut inciter les entreprises et les salariés"

Dévoué à sa caserne de Saintes-Maries-de-la-Mer depuis près de 40 ans, Didier Honoré est également le patron d'une blanchisserie industrielle. Par passion, il a dédié une grande partie de sa vie au volontariat. C’est donc avec beaucoup de regrets que sur les 14 employés de son entreprise, il ne compte aucun pompier volontaire comme lui. "Je suis le seul", souffle-t-il. "J’aimerais pourtant montrer l’exemple. J’aimerais susciter des vocations chez moi, mais pour cela, il faudrait que je sois aidé ! J’ai notamment un salarié qui aurait tout à fait l’archétype d’un bon pompier volontaire… Mais il faut inciter les entreprises et les salariés", explique le patron.

Mais voilà, à ce jour, Didier Honoré n’a pas les moyens de franchir le cap. "Aujourd’hui, ce n’est pas possible, je n’aurais pas les moyens de payer les heures supplémentaires des autres salariés qui remplaceraient leurs autres collègues qui seraient mobilisés. L’entreprise est le grand perdant, et moi avec", conclut-il.

Des sacrifices pour la vie familiale et professionnelle

Une solide charpente de deuxième ligne de rugby, Julien Besançon est pompier volontaire depuis 23 ans à la caserne de Saint-Martin de Crau. Également à la tête d’une jeune start-up implantée à Arles, il témoigne de l’éternel "casse-tête à chaque début de mois" pour poursuivre sa vocation.

 

"J’espère encore rester longtemps, mais ça va devenir de plus en plus difficile à l’avenir. C’est un combat de tous les jours pour organiser sa vie familiale, professionnelle et celle de sapeur-pompier volontaire. Au final, ce sont des week-ends que je ne passe pas avec ma famille, ou encore des jours de semaine où je me libère pour la caserne au détriment de mon entreprise. C’est un monde de sacrifices", détaille-t-il.

L'espoir d'être entendus par le gouvernement

Également représentant de confédération locale des PME, Julien Besançon côtoie ces "petits patrons" qui ne peuvent pas libérer leurs salariés : "Plus une entreprise est petite et plus ça devient difficile. Un maçon qui a deux salariés, s’ils vont au feu, ses chantiers n’avancent pas et c’est une perte nette de chiffre d’affaire. Il va falloir mettre des moyens en place pour aider ces petites et moyennes entreprises à pouvoir libérer leurs agents." De son observation, à ce jour, seuls les grands groupes sont en mesure de répondre à l’appel de Gérald Darmanin. Rien ne serait fait pour "les petits", lâche-t-il.

 

Ces chefs d'entreprises estiment que le système actuel du volontariat court à sa perte s'il n'est pas revu à temps. Tous les deux se disent porteurs de propositions dans ce sens. Ils espèrent surtout que des patrons de TPE-PME concernés comme eux par ce sujet, seront conviés et écoutés à la table ronde d'Emmanuel Macron.