Incendie dans le Var : quelles conséquences pour la biodiversité ?

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Manon Bernard
Dans le massif des Maures, dans le Var, le feu n’est toujours pas maîtrisé. Et les dégâts sur la faune et la flore sont d’ores et déjà criants : près de 80% de la réserve naturelle a brûlé. La directrice adjointe à l’office français de la biodiversité dans la région, Concha Agero et le responsable national incendies à l’ONF, Jean-Louis Pestour détaillent les conséquences du feu sur Europe 1.  

Depuis le début du plus gros incendie de l’été en France, près 80% de la réserve naturelle du massif des Maures, dans l’arrière-pays de Saint-Tropez, a brûlé. Une situation catastrophique autant pour la faune que la flore dont regorge cette région connue pour ses forêts de chênes de liège mais aussi de pins parasols. La directrice adjointe à l’office français de la biodiversité en Paca et en Corse, Concha Agero et le responsable national incendies à l’office national des forêts (ONF), Jean-Louis Pestour, ont fait un état des lieux des conséquences de l’incendie sur Europe 1, jeudi.

Replanter, semer, arroser… que faire après un immense incendie ? La réponse de Jean-Louis Pestour est pour le moins surprenante : rien. "La logique du reboisement qu'on a pu connaître au siècle dernier est actuellement abandonnée", affirme le responsable national incendies de forêts à l’ONF. Pour lui, il faut "laisser faire la nature, faire en sorte que les végétaux en place se régénèrent de manière naturelle". Quelques plantations seront tout de même prévues "dans des lieux très emblématiques où il y a des aspects paysagers ou environnementaux spécifiques", nuance-t-il.

Les animaux vont devoir s’habituer à un nouvel habitat

L’incendie ravageur a également tué une grande partie de la faune qui peuple le massif des Maures. Concha Agero, directrice adjointe interrégionale en Paca et en Corse à l’office français de la biodiversité, est allée visiter les lieux pour évaluer l’ampleur des dégâts. "Dans notre malheur, on a la chance d'avoir des poches de végétation vertes qui ont été sauvegardées parce que le feu est passé tellement rapidement sur ce secteur qu'il a eu d'énormes sautes, parfois jusqu'à 300 à 400 mètres", explique-t-elle. Dans la forêt brûlée, ses équipes ont retrouvé trois tortues d’Hermann vivantes, la dernière sauvage présente dans le Var et en Corse. Elles étaient terrées dans les rochers en raison de la chaleur et donc, protégées de l’incendie. Mais "il va leur falloir un certain temps de réadaptation à ce nouvel habitat qui n'est plus celui qu'elle a connu", alerte-t-elle.

Dans cet espace protégé grâce à la présence de cette tortue, se trouve aussi d’autres animaux. "Des oiseaux macro-insectivores, mais également des insectes et des chauves-souris. On a d’autres reptiles comme les couleuvres ou les lézards ocellés et verts", détaille Concha Agero.

"Le développement de la végétation va être assez lente"

Mais il faudra être patient pour que les dégâts se résorbent. En région méditerranéenne, les pluviométries sont assez faibles. "Le développement de la végétation va être assez lente", prévient Jean-Louis Pestour. Il table sur trente à quarante ans au minimum. Cette estimation ne vaut que si d’autres feux ne se déclarent pas à nouveau dans la zone. Malheureusement, selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) sur l’état de la Terre, les événements climatiques extrêmes, dont les feux de forêts, risquent de se multiplier dans les prochaines années.

Pour prévenir les risques de feu de forêt, Jean-Louis Pestour alerte sur Europe 1 : "On soupçonne un mégot de cigarette, comme de nombreux feux cette saison. Il faut rappeler à tous nos concitoyens qu'un mégot de cigarette, c'est un point chaud. Dans les conditions de sécheresse et avec le vent en rafales, ça peut être un départ de feu". "Le moindre apport de chaleur en zone forestière peut être générateur d'un feu catastrophique", résume-t-il.