Le général André Pétillot détaille les dispositifs mis en place par la gendarmerie pour lutter contre ces violences. 3:19
  • Copié
, modifié à
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dévoilé dimanche dernier de nouvelles mesures pour lutter contre les violences intra-familiales. Sur le terrain, les gendarmeries se sont déjà organisées pour répondre plus efficacement aux victimes. C’est ce qu’explique le général de gendarmerie en Nouvelle-Aquitaine André Pétillot dans le Grand Entretien sur Europe 1, dimanche.  
INTERVIEW

Le premier bilan de l’évolution de la délinquance sur les six premiers mois de l’année 2021 publié par le ministère de l’Intérieur est formel : les violences intrafamiliales et sexuelles ont augmenté en France. Ces crimes avaient été encore plus importants pendant le pic de la crise du coronavirus, et notamment le premier confinement. Le général de gendarmerie en Nouvelle-Aquitaine André Pétillot détaille dans le Grand Entretien sur Europe 1, les dispositifs mis en place par la gendarmerie pour lutter contre ces violences.

En 2020, 102 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. Et 75% d’entre elles avaient déjà porté plainte car elle se sentait en insécurité dans leur foyer. Dimanche dernier, le ministre de l’Intérieur a annoncé des mesures pour lutter contre ces violences, dont la priorisation des plaintes pour violences conjugales. Selon Gérald Darmanin, "plus de 400.000 interventions" ont été recensées en 2020 "soit une toute les 45 heures". La gendarmerie, de son côté, constate "300 faits par jour". "C’est vraiment un phénomène massif", commente le général Pétillot.

"Tout gendarme doit être capable d'accueillir correctement une victime"

Pour le général de gendarmerie André Pétillot, la prise en charge des victimes de violences intrafamiliales a déjà évolué depuis le Grenelle de lutte contre les violences conjugales menée par l’ancien Premier ministre Edouard Philippe et l’ancienne ministre chargée de l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, entre le 3 septembre et 25 novembre 2019. "Il y a vraiment une approche globale de cette criminalité, qu'il s'agisse de la prise en charge, la réponse pénale, l'incitation de victimes au dépôt de plainte, puis leur suivi. Tout cela est désormais complètement organisé et de manière très structurée", précise André Pétillot.

Concrètement, une formation est désormais mise en place pour accueillir ces victimes. "Tout gendarme doit être capable d'accueillir correctement une victime, d'éviter des formules ou des postures qui pourraient dissuader la victime de poursuivre sa démarche", assure le général. Depuis le mois de février, 13.000 sous-officiers ont été formés en Nouvelle-Aquitaine. Dans les écoles également, une formation de 120 heures est désormais dispensée aux futurs gendarmes.

Des unités spéciales pour collecter les plaintes

Certaines unités ont aussi été spécialement créées pour accueillir les personnes, comme à Tonneins, dans le Lot-et-Garonne. Elles sont composées d’environ "30 militaires dans lesquels, des hommes et des femmes, qui traitent la totalité du contentieux des violences intrafamiliales", détaille le général Pétillot. "Ils ont un réseau très structuré avec les procureurs, les magistrats spécialisés, les associations d'aide aux victimes, les intervenants sociaux", poursuit-il.

L’objectif : diminuer le délai de traitement des procédures. Il est de 20 jours dans ces structures contre trois mois auparavant. Des maisons de confiances et de protections des familles ont également été créées dans la région.