"Harcèlement sexiste et sexuel" encore répandu à l'Assemblée

Le niveau de harcèlement à l'Assemblée nationale paraît "sous-évalué", estime Brune Seban, membre du collectif "Chair collaboratrice".
Le niveau de harcèlement à l'Assemblée nationale paraît "sous-évalué", estime Brune Seban, membre du collectif "Chair collaboratrice". © Thomas SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
Le collectif "Chair collaboratrice" a publié mercredi les résultats d'un questionnaire envoyé le 8 mars sur le "harcèlement sexiste et sexuel" à l'Assemblée nationale.

Le "harcèlement sexiste et sexuel" est encore largement répandu à l'Assemblée nationale, a dénoncé mercredi le collectif "Chair collaboratrice", chiffres à l'appui. Ce collectif a envoyé le 8 mars un questionnaire sur le "harcèlement sexiste et sexuel" par mail, qui a recueilli 137 réponses, pour deux tiers de femmes (sur quelque 2.000 collaborateurs, à Paris et en circonscription), selon ses résultats publiés mercredi.

Une collaboratrice sur six victime d'agression(s) sexuelle(s)

Sur cet échantillon, une collaboratrice sur deux déclare avoir été "victime de blagues sexistes ou sexuelles" sur son lieu de travail ou lors de missions professionnelles, ou de propos sur son "apparence" ou sa "vie personnelle" dans le même cadre. Une sur trois dit avoir été "victime d'injures sexistes" ou "d'attitudes insistantes et gênantes" comme des "regards" ou le mime d'"actes sexuels". Une sur cinq a été victime "d'avances sexuelles" non souhaitées, et une sur six déclare qu'on lui a touché "seins, fesses ou cuisses" contre son gré.

Interrogés sur les auteurs de ces faits, 60% répondent un député ou un autre collaborateur, et 12% le député employeur. Un tiers des collaboratrices disent n'en avoir parlé à personne. "C'est révélateur d'une certaine omerta", a déclaré une membre du collectif à l'AFP, estimant que ces faits, touchant "tous les groupes politiques", sont "au même niveau sous cette législature" que sous la précédente.

Le niveau de harcèlement à l'Assemblée paraît "sous-évalué"

"Les femmes (victimes) peuvent craindre pour leur emploi", a aussi souligné Andréa Khoshkhou, auditionnée mercredi par le groupe de travail dédié au statut des collaborateurs. Le niveau de harcèlement paraît "sous-évalué", selon Brune Seban, également du collectif. Elle a évoqué les "particularités" du métier, avec une "clause de loyauté" au député employeur, du travail de nuit et encore "des bureaux qui font office de chambres" autour du Palais Bourbon.

Le collectif demande "le gel de la clause de loyauté en cas de dénonciation de situation de harcèlement", "la mise en place d'une cellule d'écoute indépendante" à l'Assemblée, et "la possibilité de saisine du procureur par cette cellule dès accord de la victime". La déontologue de l'Assemblée a également préconisé en janvier la création d'une cellule d'écoute, jugeant "insuffisant" le dispositif de prévention et de lutte contre le harcèlement moral et sexuel.

Lancé par des collaboratrices parlementaires en octobre 2016 avec un site internet (Chaircollaboratrice.com) pour recenser les témoignages de harcèlement sexiste ou de violences sexuelles, le collectif s'était constitué après les accusations d'agression sexuelle et de harcèlement visant Denis Baupin, pour montrer le "caractère terriblement banal de ces violences" au Palais Bourbon.