Réélu grand rabbin de France, Haïm Korsia déplore une société française "en manque de rêves"

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a donné sa vision de la société sur Europe 1.
Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a donné sa vision de la société sur Europe 1. © Europe 1
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Guilhem Dedoyard
Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a été réélu ce dimanche. Il explique sur Europe 1 le sens de la mission qui lui a été confiée pour ce nouveau mandat de 7 ans et expose son regard sur la société française et ses fractures. Avec, comme message principal, un appel à redonner le sens de l'engagement à chacun des Français.
INTERVIEW

Haïm Korsia vient d'être réélu grand rabbin de France, dimanche. Invité d'Europe 1, il explique voir dans son élection "un contrat de confiance" avec la communauté juive et entend se battre pour elle ainsi que pour la République. le responsable religieux estime également qu'il y a "une sorte d'engagement à, tous ensemble, transformer la société", que matérialise son élection. Selon lui, ce rôle lui permet de "sentir les vibrations du pays". Au micro de Wendy Bouchard, il fait part, plus globalement, de son regard sur une société en "manque de rêves" à qui il faut en réinventer pour résorber les fractures qui la traverse et redonner une volonté d'engagement. 

"Tous les cultes, chacun dans leur spécificité, analysent leurs textes, leur sagesse, leur histoire humaine pour essayer d'identifier les mécanismes qui sont en marche aujourd'hui et comment on peut en tirer une expérience", estime Haïm Korsia. Fort de son précédent mandat de sept ans, il considère que "ce qui motive notre société, c'est la peur, la colère, la violence des choses".

Proposer à tous "un contrat de confiance"

"Quand on souffre, on oublie ce qu'était notre passé, on oublie ce qu'est notre avenir", analyse le grand rabbin de France. Il appelle ainsi à "faire un pas de côté par rapport à cette colère, par rapport à cette rancœur". Il évoque notamment l'épisode des "gilets jaunes" et maintient "qu'il fallait entendre cette souffrance des gens qui ne se sentent pas faire partie de la photo de la France qui réussit".

D'autant plus que, souligne Haïm Korsia, c'est sur eux "que nous nous sommes appuyés pendant la pandémie : les caissiers et caissières, les soignants, les livreurs, les éboueurs, les personnels dans les enterrements". Il salue "cette somme de dévouements de ce que d'aucuns ont appelé les gens de peu mais qui sont la France". Il martèle : "on doit les intégrer pour pouvoir leur proposer une forme de contrat de confiance : on va améliorer la société, pour vous".

Lutter pour que les citoyens ne deviennent pas "indifférents aux affaires du pays"

"Nous sommes un pays de débat, mais il faut être capable de tracer des chemins, des horizons et pour proposer une amélioration de la situation pour chacun", juge encore Haïm Korsia. Sans cela les citoyens se désintéressent des évènements, ce qui se traduit par une abstention. Or, affirme-t-il, "si nous avons des concitoyens qui deviennent indifférents aux affaires du pays, alors c'est terrible". Il plaide donc pour que la société se mobilise afin "de donner conscience que par un vote, par un engagement, on peut transformer la société".

Selon lui, les synagogues qui se vident participent du même phénomène et ont les mêmes solutions générales. "Il faut trouver comment leur donner la possibilité de se sentir acteur de quelque chose. Il faut que chacun chacune soit persuadé que son engagement est vital pour transformer la société", préconise Haïm Korsia. Si son élection l'honore, il souhaite s'inscrire dans un mouvement plus large car "jamais, personne ne peut faire quoi que ce soit seul. C'est une règle absolue de la vie."