Guerre d'Algérie : après les accords d'Evian, "ça a été terrible pour les harkis"

Des harkis dans les rues d'Alger, en 1957. L'Algérie était encore française.
Des harkis dans les rues d'Alger, en 1957. L'Algérie était encore française. © JACQUES GREVIN / INTERCONTINENTALE / AFP
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Thibaud Le Meneec
À l'occasion de la journée nationale d'hommage aux harkis, Wendy Bouchard et ses invités sont revenus sur la situation de ces hommes engagés aux côtés de l'armée française pendant la guerre d'Algérie, dont la vie a basculé après la signature des accords d'Evian en 1962.
LE TOUR DE LA QUESTION

C'est une période sombre de l'histoire contemporaine française que l'État traite par des reconnaissances successives depuis 50 ans et la fin de la guerre d'Algérie, en 1962. Dernier geste en date, celui d'Emmanuel Macron, qui a promu vendredi une vingtaine de harkis dans l'ordre de la Légion d'honneur. Grâce aux témoignages, la fin de la guerre d'Algérie et la situation des harkis deviennent pourtant de plus en plus clairs.

>> Mardi, à l'occasion de la journée nationale d'hommage aux harkis, Bernard est venu témoigner dans l'émission de Wendy Bouchard sur Europe 1.

 

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

"Ils nous aidaient beaucoup". Bernard était sous-officier de l'armée française en Algérie, de mai 1960 à juillet 1962, dans un régiment de tirailleurs algériens dans l'Ouarsenis, au nord-ouest du pays. "J'avais une harka (une compagnie) composée de harkis avec qui on partait en opérations", se rappelle-t-il. "Ils nous aidaient beaucoup dans la reconnaissance de terrain. J'ai eu des liens assez fort avec certains." 

Ils étaient dans une situation qu'on sentait terrible. Certains, qui étaient fidèles, me disaient : 'On ne peut pas rester'

"En 1962, quand ils ont appris pour les accords d'Evian [qui ont mis fin à la guerre d'Algérie en mars 1962, NDLR], ça a été terrible pour eux", se souvient Bernard. "On a commencé à avoir des difficultés : il y avait ceux qui ne voulaient plus partir en opérations parce qu'ils étaient menacés, il y avait aussi ceux qui ont commencé à déserter. Mais on le comprenait, parce qu'ils étaient menacés. Nous-mêmes n'étions plus très tranquilles, car on sentait que la menace du FLN, le Front de libération nationale, était grandissante. Ils étaient dans une situation qu'on sentait terrible. Certains, qui étaient fidèles, me disaient : 'On ne peut pas rester'. Les désertions ont commencé" après la signature des accords.

Des soldats français tués ? "Il y a eu des exactions, car il fallait qu'ils donnent des témoignages au FLN comme quoi ils avaient été dans l'armée française mais qu'ils allaient régler des comptes", affirme-t-il. "Pour ne pas être à leur tour tués, il fallait qu'ils justifient d'actes vis-à-vis du FLN concernant des soldats français, donc il y a eu des soldats français tués à cette époque-là. Dans mon dortoir, à une certaine période, je m'enfermais."

Dans la très grande majorités des cas, les harkis ont été loyaux. C'est la France qui n'a pas tenu sa part du contrat

Un témoignage qui n'a pas valeur de vérité historique pour Mohand Hamoumou, enseignant à l'école de management de Grenoble, dont le père était harki (et maire de Volvic) : "On ne peut pas généraliser les actes commis envers les soldats français à partir de quelques cas qu'on a pu voir. Quand on regarde les chiffres, les désertions de harkis, c'était 1 pour 1000. Dans la très grande majorité des cas, les harkis ont été loyaux. C'est la France qui n'a pas tenu sa part du contrat" en ne protégeant pas les harkis menacés par le FLN après la fin de l'Algérie française, estime-il.

La France en a-t-elle fait assez pour les harkis ?

C'était la question posée sur Facebook avant l'émission de Wendy Bouchard. Pour les "fans" d'Europe 1 sur le réseau social, la France en a "assez fait pour les harkis", à 50,3% des 1.800 votes comptabilisés mardi midi.