Sébastien Lecornu Guadeloupe 1:50
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Mathieu Bock à Pointe-à-Pitre, édité par Gauthier Delomez
Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu n'a pas fait l'unanimité lors de sa visite en Guadeloupe. Les habitants et les syndicats regrettent une venue rapide du ministre sur l'île, qui n'a pas abouti à des propositions satisfaisantes pour apaiser les tensions.
REPORTAGE

Une venue délicate. Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu s'est rendu en Guadeloupe puis en Martinique pendant trois jours pour tenter d'apaiser la situation dans les îles des Antilles, en proie à des violences urbaines. Des soignants, sapeurs-pompiers et une partie de la population refusent toujours de se faire vacciner contre le Covid-19. Selon les locaux, la venue du ministre n'a pas eu d'avancées majeures. Europe 1 s'est rendue sur place.

"Un manque de respect", tonne une habitante

En Guadeloupe, les habitants jugent la visite trop rapide, bâclée, inutile voire irrespectueuse. En sortant du supermarché, Myriam tient à la main son sac de courses rempli à moitié et s'étrangle en regardant le ticket de caisse. Pour elle, si la venue du ministre ne peut pas tout résoudre, son passage éclair sur l'île ne va rien arranger. "J'ai fait des courses : 118 euros. Il n'y a pas de viande, il n'y a que six ou sept articles. On n'y arrive plus", souffle-t-elle au micro d'Europe 1.

La Guadeloupéenne poursuit : "C'est une période dure, mais on soutient le mouvement, on le comprend. Avec les Guadeloupéens, il faut prendre du temps pour parler. On ne demande pas un mois, mais trois ou quatre jours. Un ministre qui vient peut-être une matinée, et qui part pour la Martinique. C'est un manque de respect", affirme-t-elle, fataliste : "Il a tout réglé en tapant sur la table, et puis démerdez-vous".

"Il faut vraiment que ça cesse"

Patrick, un autre habitant de l'île, compte sur les discussions entre les élus locaux et les syndicats pour sortir de la crise. "Les élus ont dit puisque c'est comme ça, il nous faut prendre les choses en main, trouver des solutions nous-mêmes avec les syndicats", explique-t-il. Pour lui, il y a urgence à résoudre les problèmes. "On en a marre des barrages parce que moi, je n'ai pas travaillé depuis le 18 (novembre, ndlr). Il y a des jeunes dans la rue, il faut vraiment que ça cesse", soupire le Guadeloupéen. Si une première réunion est prévue jeudi, les syndicats réclament une délégation interministérielle pour que les discussions remontent à Paris.

Sébastien Lecornu "n'est pas fait pour ce poste"

Pour le collectif LKP, qui regroupe une cinquantaine d'organisations syndicales, associatives, politiques et culturelles de Guadeloupe, la visite de Sébastien Lecornu n'a également rien donné. Le leader du collectif, Élie Domota, estime que le ministre des Outre-mer n'est pas fait pour ce rôle. "Il a essayé de jouer au Zorro, mais il n'a jamais cherché à comprendre ce qui se passait réellement en Guadeloupe", souligne-t-il sur Europe 1.

"Il a donné le sentiment d'être quelqu'un de dialogue, ouvert à la discussion et à la négociation, et ce qu'il a dit dans sa conférence de presse n'est pas du tout ce qu'il nous a dit lorsqu'il nous a rencontré, avec cette histoire de dénonciation de crime sur les forces de l'ordre", affirme Élie Domota. "Je crois qu'il a très mal appréhendé les choses (...). il n'est pas fait pour ce poste. C'est une erreur de casting", tacle le leader du collectif LKP. Une visite qui laisse donc un goût amer aux Guadeloupéens.