Grève à la SNCF : quatre actes pour comprendre le conflit ouvert entre la CGT et la direction

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Le ton est monté entre la CGT-Cheminots et la direction de la SNCF après un mail interne du syndicat (image d'illustration). © FRED DUFOUR / AFP
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M.R. avec AFP
Après la diffusion d'un mail interne à la CGT-Cheminots, Guillaume Pepy a dénoncé les menaces de désorganisation de la SNCF tout au long du mouvement de grève prévu par les cheminots.

Entre "organisation de la désorganisation" pour les uns et volonté de "discréditer" le mouvement pour les autres : la CGT et la direction de la SNCF se sont mutuellement accusées de chercher à se nuire, mercredi, à la veille de la première des journées de grève des cheminots. "Il n'y a pas de stratégie de désorganisation du travail", a affirmé dans la soirée à la presse Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots. Ce sera la "responsabilité" de la direction "si les trains ne roulent pas ou mal entre les deux périodes de grève" d'avril à juin, alors que les cheminots déclarent "48 heures à l'avance" s'ils seront grévistes.

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Acte 1 : un mail interne pour annoncer une désorganisation

Mercredi, à la veille de la première journée de manifestations, un long courrier électronique attribué au secrétaire général de la CGT-Cheminots Paris-Gare de Lyon envoyé le week-end précédent, est dévoilé par Le Parisien. Le texte se réjouit du mode d'action choisi - grève deux jours sur cinq du 3 avril au 28 juin pour contrer la réforme de la SNCF - qui "permet de désorganiser fortement le plan de transport et les travaux". "Nous pouvons tenir trois mois tout en ayant quasiment le même impact qu'une grève reconductible classique sur les jours où nous serons à la production", peut-on encore lire.

L'auteur du texte prédit un mouvement "IN-GE-RABLE" pour les dirigeants du groupe public et le gouvernement : "Les agents ne seront pas au bon endroit, les rames perdues au milieu de nulle part, etc." "La désorganisation du travail devra se faire également sur les jours ouvrés, mais je ne vous en dis pas plus sur ce mail je pense que vous avez compris où l'on veut en venir...", ajoute-t-il.

Acte 2 : le patron de la SNCF "choqué

Guillaume Pepy s'est dit "extrêmement choqué" par le contenu de ce texte, d'autant que l'insinuation, selon lui, "laisse place à toutes les interprétations" : "Est-ce que ça veut dire dégradation des installations ? Est-ce que ça veut dire vrai-faux acte de malveillance ?" Comme "ce texte est signé pas moins que par le patron de cette organisation [la CGT] de la Gare de Lyon, ce n'est pas anecdotique", a-t-il observé face à des journalistes. Sur RTL, il a ensuite demandé à l'auteur du mail de "s'expliquer. Je pense que les autres cheminots, l'immense majorité des cheminots, comme moi, ne se reconnaissent pas dans ces menaces."

"Ce qui est choquant, c'est qu'on comprend que la modalité choisie pourrait s'accompagner de l'organisation de la désorganisation. Ça pourrait vouloir dire entrer dans une grève qui n'avoue pas son nom", alors que les grèves à la SNCF ont toujours été franches, a regretté Guillaume Pepy.

Acte 3 : la SNCF accusée de chercher à "discréditer le mouvement"

La CGT a répliqué en accusant, par la voix de son porte-parole Cédric Robert, la direction de la SNCF de "fouiller dans les poubelles de Facebook pour trouver des arguments visant à discréditer le mouvement des cheminots". "Il n'y a jamais eu de mail interne" du syndicat, a-t-il assuré.

Pour le syndicaliste, cette affaire signe "un manque de sérénité évident" de la part de la direction. "Ce n'est pas digne des dirigeants d'une entreprise publique", a-t-il ajouté, y voyant une "agitation orchestrée" par ceux qui "craignent la mobilisation des cheminots". "Cela ressemble à une nouvelle instrumentalisation", a abondé Sébastien Mariani de la CFDT-Cheminots.

Il est "évident" que le trafic sera aussi perturbé les jours où il n'y aura pas grève, a relevé Roger Dillenseger de l'Unsa-ferroviaire. "Ça fait tout à fait partie des règles du jeu" et "ça s'est toujours passé comme ça", a-t-il dit en réponse à Guillaume Pepy.

Acte 4 : des trains annulés pour limiter le rassemblement parisien ?

La situation s'est encore envenimée en milieu de journée mercredi, la CGT accusant la direction d'annuler "en priorité" des trains "dans lesquels les manifestants ont fait des réservations" pour se rendre au rassemblement national jeudi à Paris. "Certaines délégations seront bloquées et manifesteront en régions", a dénoncé l'intersyndicale CGT, Unsa, SUD et CFDT, qui a rédigé "une plateforme revendicative unitaire" et qui exige des "négociations réelles" avec le ministère des Transports.

Des accusations de ciblage des trains annulés "totalement faux", a rétorqué Mathias Vicherat, directeur général adjoint de la SNCF, selon qui l'entreprise "met tous les moyens pour maximiser le nombre de trains".

Prévisions de trafic

SNCF. 40% des TGV, 25% des Intercités et 50% des TER, tandis que 30% des trains d'Île-de-France doivent être assurés, selon Guillaume Pepy mercredi. 

Transport aérien. Air France prévoit de maintenir 75% de ses vols moyen-courrier de et vers l'aéroport de Paris Charles-de-Gaulle et 60% des court-courrier à Orly et des transversales province. La compagnie aérienne prévoit par ailleurs de maintenir 100% de ses vols long-courrier. La Direction générale de l'aviation civile avait auparavant indiqué que 30% des vols au départ et à l'arrivée des aéroports de Roissy, Orly et Beauvais seraient annulés jeudi.

RATP. Le trafic devrait être quasiment normal du côté des bus, tramways et métros.