Unité de soins palliatifs 1:30
  • Copié
, avec AFP, édité par Mathilde Durand , modifié à
L'Assemblée étudie jeudi la proposition de loi du député Olivier Falorni sur la fin de vie. Sur Europe 1, Jean-Marie Gomas, médecin et cofondateur de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), dénonce une "loi choquante dans sa rédaction".
TÉMOIGNAGE

Un débat qui risque de tourner court. Ce jeudi à l'Assemblée nationale, les députés se penchent sur la proposition de loi du député Olivier Falorni sur la fin de vie, qui ouvre un possible recours à une "assistance médicalisée active à mourir" pour toute personne "capable et majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable", ne pouvant être "apaisée" ou jugée par elle "insupportable". Sur la forme, comme sur le fond, le texte divise les élus et les soignants. 

Le député Olivier Falorni a reçu l'appui de 270 députés dans une tribune publiée sur le Journal du dimanche, mais une poignée de députés LR, opposés au texte, ont déposé plusieurs milliers d'amendement afin de contrer l'adoption de la proposition dans le temps contraint. Du côté des médecins, nombreux estiment que le sujet "mérite mieux" ou que c'est une loi de rupture.

"Pour nous, cette loi est choquante dans sa rédaction, dans sa transgression de valeurs fondamentales de l'individu et puis dans ce contexte sanitaire. C'est un projet de loi compliqué, mal ficelé", explique Jean-Marie Gomas, médecin et cofondateur de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), au micro d'Europe 1.

Evaluer la loi Claeys-Leonetti

"Ce n'est pas une simple évolution de la loi Léonetti, c'est une transformation radicale du rapport à la vie de l'autre", ajoute-t-il, évoquant la loi Claeys-Leonetti, votée en 2016, qui prévoit une sédation profonde et continue pouvant mener à la mort, mais sans euthanasie active. "Tant que ces lois et ces recommandations ne sont pas mises en place, il ne faut évidemment pas bouger l'appareil législatif."

"On n'a même pas évalué correctement la loi Clayes-Leonetti. Il y a encore énormément de services et de médecins qui n'ont pas compris la logique de la sédation profonde et continue", assure le médecin. "Donc ce n'est vraiment pas le moment d'impressionner le grand public avec des phrases toutes faites."

"Certes il y a des agonies qui semblent longues. Certes il y a des douleurs non contrôlées mais occupons nous d'accompagner ces patients, avant d'imaginer faire des transgressions et des entorses à un respect de la vie qui est séculaire dans notre pays", dénonce encore Jean-Marie Gomas.