"C’est une grande loi de liberté", clame Olivier Falorni. Le député du Parti Radical de gauche (PRG) porte la loi sur l’euthanasie soumise à l’Assemblée nationale jeudi. Le sujet divise tous les groupes parlementaires et suscite même l'embarras du gouvernement. Et pour éviter un vote dans la journée, pas moins de 3.000 amendements ont été déposés dont 2.200 par cinq députés Les Républicains. Olivier Falorni était invité sur Europe 1 mercredi pour livrer ses impressions à la veille de ce débat.
Entre "2.000 et 4.000 euthanasies clandestines chaque année en France"
Depuis dix ans, le député du PRG se bat sur le sujet. Et il le répète, il n’est pas question de "tuer des enfants ou des dépressifs" comme l’avancent "beaucoup de fake news circulent sur le sujet". "Il s'agit de permettre à toute personne majeure, atteinte d'une maladie incurable en phase avancée ou terminale, et générant des souffrances inapaisables dans des conditions très strictes, de pouvoir partir comme elle le souhaite rapidement et sans douleur", explique Olivier Falorni au micro d’Europe 1.
Cette loi est également, pour lui le symbole d’une mort dans l’égalité. "Est-il acceptable, encore en France, de voir que si on a des relations et des moyens financiers pour bénéficier d’une euthanasie à l’étranger, on peut s'exiler en Suisse ou en Belgique ? C’est la double peine. La Belgique a légalisé l’euthanasie, il y a 20 ans : on a du recul sur tout ce qui peut se passer", s’emporte-t-il. Selon Olivier Falorni, il y aurait d’ailleurs entre "2.000 et 4.000 euthanasies clandestines chaque année en France".
"Dans une démocratie, on ne donne pas la mort"
Mais de l’autre côté de l’hémicycle, les opposants au texte lui répondent clairement : "dans une démocratie, on ne donne pas la mort". Parmi eux, se trouve Jean Léonetti, l'auteur des deux dernières lois sur la fin de vie. L’un des points de crispation réside dans l’article 3. Il prévoit qu'un patient qui ne peut plus s'exprimer pourrait être euthanasié, s'il l'a clairement demandé par écrit ou à un proche de confiance.
Autre problème : les délais très courts pour demander à mourir. "Pour un patient, il faudrait faire une demande d’euthanasie en quatre jours où il faut rencontrer des médecins, faire des propositions et revenir vers le patient pour qu’il confirme sa demande", explique le Dr Claire Fourcade, présidente de la Société française de soins palliatifs. Elle ajoute que ce délai est différent des autres pays où la mort assistée est légale. Le Canada accorde, par exemple, 90 jours.
Mais ces blocages ne découragent pas Olivier Falorni. Il assure que dans une récente enquête d’opinion, "96% des Français sont favorables à un droit d’euthanasie". Alors la majorité à l’Assemblée, il la trouvera. Il en a "le sentiment".