Etre un enfant adopté, le poids du passé

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Alcyone Wemaere, avec AFP , modifié à
Une étude sur "devenir des jeunes ayant grandi dans une famille adoptive" révèle le poids de la vie avant adoption.

Les éventuels problèmes de santé et de maltraitance vécus par les enfants avant leur adoption ont un impact sur le reste de leur vie, révèle une étude réalisée par la fédération Enfance et Familles d'adoption et dévoilée jeudi à paris à l'occasion d'un colloque international sur les adoptés. Précisions.

Au sein d'une même famille, des différences. L'enquête comparative a porté sur le parcours scolaire, l'adaptation sociale et la qualité de vie de 1.450 jeunes de 15 à 30 ans. 83% de ces jeunes adultes avaient été adoptés - nés en Amérique latine, Afrique, Asie, France et Europe de l'Est - et 17% étaient, eux, les enfants biologiques de la famille.

Sur cet échantillon, 32% des adoptés sont concernés par au moins un problème de santé tels que des séquelles de malnutrition ou de traitements médicaux voire, pour certains ou handicap mental. Les enfants "biologiques" n'étaient eux que 11% à être concernés par de tels problèmes.

Des pays de naissance plus ou moins problématiques. Constat plutôt inquiétant de l'étude : seuls 52% des enfants adoptés n'ont connu ni carence affective (accueils successifs, vie dans la rue…), ni problème de santé précoce avant leur adoption.

Pire, la maltraitance est "probable ou certaine" pour 30% des adoptés et toucherait jusqu'à un sur deux de ceux nés en Amérique latine ou Europe de l'Est. "Dans d'autres régions du monde, elle est peut-être passée sous silence", relativise Janice Peyré, présidente d'honneur de la fédération.

Quid du parcours scolaire ? Alors que 92% des "biologiques" sont orientés en filière générale, "seulement" 50% des garçons adoptés et 65% des filles le sont.

Dans les familles qui ont adopté et dont le niveau social est généralement supérieur à la moyenne nationale, 90% des enfants "biologiques" ont au moins le baccalauréat ce qui est conforme aux statistiques concernant les enfants de cadres. Par contre, pour les enfants adoptés de ces mêmes familles, le taux est lui de 53%, ce qui correspond à la moyenne nationale.

Cependant, si on considère les adoptés sans problème de santé précoce ni risque de maltraitance, et n'ayant pas redoublé en primaire, la proportion de bacheliers atteint 70%.

Soutenus par leur famille et bien insérés. Dur, d'être un enfant adopté ? Si le passé avant l'adoption pèse, l'étude montre que "les familles ont su apporter un étayage et une valorisation de soi aux enfants adoptés", se félicite Janice Peyré. Ainsi, 89% des adoptés - contre 93% de leurs frères et soeurs "biologiques" - ont une bonne ou très bonne estime d'eux-mêmes et 68% - contre 84% des "biologiques" -sont satisfaits de leur vie.

Au vu des sorties, activités sportives et amicales, l'étude considère aussi que "les jeunes adoptés ont une insertion sociale comparable" à leur fratrie d'adoption malgré des discriminations négatives ressenties par 65% des jeunes nés à l'étranger.

Les jeunes adoptés s'estiment-ils soutenus par leur famille d'adoption ? La réponse est oui pour plus de 80% d'entre eux. Par contre, seuls 54% des adoptés sont certains de pouvoir compter sur les autres membres de la famille, alors que c'est le cas pour 73% des enfants "biologiques".

55% des adoptés considèrent n'avoir qu'une seule famille, celle d'adoption, tandis que 26% relient famille de naissance et famille adoptive. Vraie ombre au tableau : près d'un jeune adopté sur cinq a le sentiment de n'appartenir à aucune famille.