Déconfinement : "Clairement, il y a une angoisse chez un certain nombre de gens"

Juste avant le déconfinement, le moral des Français est fluctuant.
Juste avant le déconfinement, le moral des Français est fluctuant. © AFP
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Sophie Eychenne, édité par Margaux Baralon
Certains sont plus motivés que jamais à l'idée de retrouver une vie un peu plus normale. D'autres, au contraire, appréhendent de devoir "s'y remettre" : à deux jours du déconfinement, qui interviendra à partir du lundi 11 mai, Europe 1 est allé à la rencontre des Français pour prendre la température de leur moral.

"C'est une espèce de mélange de grand flou, d’inconnu, d’incompréhension." Comme une fin de vacances un peu forcées. À deux jours du déconfinement, Raphaël a la sensation de se perdre dans ce quotidien si particulier. Pour ce jeune homme de 27 ans, les jours se suivent et se ressemblent tous. "Je fais plus les choses pour remplir mes journées que par envie de les faire. C'est un état dans lequel je n’aime pas me retrouver, et j’attribue ça totalement à la charge psychique que ça a d’être confiné. Sans trop s’en rendre compte, ça finit par peser. Cela va être dur de s’y remettre !"

 

À deux jours du début du déconfinement, ce lundi, les Français ont le moral fluctuant. Il va falloir sortir de chez soi, retrouver ses collègues pour certains, renouer avec un semblant de "vie d'avant". S’y remettre, justement, c’est ce qu’appréhende Isabelle. Entre l’organisation de la maison et le télétravail, elle a trouvé ses marques au fil des jours et assure se sentir bien. "C'était un rythme différent, c’était intéressant aussi de prendre le temps, de voir le printemps se mettre en place, chose qu’on voit habituellement par petites touches parce qu'on n’a pas le temps, parce qu'on n’y pense pas. C’était très agréable, très apaisant."

"Il y a une certaine angoisse chez les gens"

L'anxiété d'Isabelle n'étonne pas la docteure Sylvie Royant-Parola, psychiatre spécialiste du sommeil. "Clairement il y a une certaine angoisse chez un certain nombre de gens. Des gens qui redoutent vraiment d'être dans une situation où ils peuvent se mettre en danger", explique-t-elle.

Plusieurs types de troubles peuvent être observés. "D'une part une anxiété généralisée, le fait de se sentir tout simple fébrile, pas très bien... mais aussi des troubles beaucoup plus importants, avec des sensations physiques : l'impression d'être oppressé, d'avoir du mal à respirer. On voit aussi surtout des troubles du sommeil."

Mais pour certains, le déconfinement sera un soulagement. Pierre commençait à trouver le temps long. Il faut dire qu’en presque deux mois, il n’avait vu personne d’autre que ses parents. Alors il n’a qu’une hâte : être à lundi pour "pouvoir sortir un peu plus, au-delà du kilomètre réglementaire, notamment pour le sport, retrouver des amis. Ce sera déjà beaucoup mieux, alors je suis plutôt très content".