Enseignante pendant 20 ans, Marie est en grande difficulté pour retrouver un emploi

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Gauthier Delomez
Agrégée d'arts plastiques, Marie désespère de retrouver un emploi après avoir dû quitter son poste d'enseignante en raison d'une maladie allergique. Sur la Libre antenne d'Europe 1, elle raconte au micro de Sana Blanger son parcours du combattant, qui engendre des séquelles sur sa santé.

>> Tous les soirs dans la Libre Antenne d'Europe 1, les auditeurs se confient et témoignent. Une difficulté, une mauvaise passe ou un moment de bonheur, notre Libre antenne est avant tout la vôtre. Au micro de Sana Blanger ce soir-là, Marie, professeure d'arts plastiques pendant 20 ans, explique qu'elle a dû arrêter d'enseigner à cause d'une maladie allergique et expose ses difficultés à retrouver un emploi.

Un poste d'adaptation qui n'a duré qu'un temps

Si dans la vie personnelle, tout va bien pour Marie, "au niveau professionnel, je suis dans une galère qui n'en finit pas. C'est une espèce d'impasse", relève-t-elle auprès de Sana Blanger. "Je n'ose même pas vous dire combien de candidatures j'ai envoyées ces sept dernières années", souffle Marie, qui retrace son histoire sur la libre antenne d'Europe 1.

"J'ai été prof pendant 20 ans. J'étais professeure d'arts plastiques, et j'ai eu une maladie allergique qui ne m'a plus donnée la possibilité d'enseigner auprès des élèves, ce qui était vraiment un crève-cœur pour moi. Donc, j'ai été dans un poste d'adaptation au rectorat, qui s'est très bien passé. J'avais un super poste, très intéressant. Mais, en réalité, les postes d'adaptation ne durent qu'un temps", souligne Marie.

"Va voir un marabout", lui disent ses amis

"À un moment, on essaie de vous remettre dans des cases, et ce ne sont pas forcément les bonnes. De prof d'arts plastiques, je suis passée à gestionnaire, ce qui ne m'intéressait pas du tout. Finalement, j'ai décidé de quitter l'Éducation nationale pour monter un projet. Mais le projet a capoté", explique-t-elle.

"C'était un projet de fonderie, puisque j'avais fait une formation de fonderie d'art. À partir de ce moment-là, je n'ai eu que des catastrophes. Je ne peux pas toutes vous les raconter parce que vous ne me croiriez pas tellement c'est délirant", lance-t-elle sur la Libre antenne d'Europe 1. "Mes amis proches en sont au stade de me dire 'Va voir un marabout'. Qu'il s'agisse de dossiers administratifs, ou autres, tout ce que je mets en œuvre capote depuis plusieurs années."

Un boulot alimentaire qui a duré six ans

Après ce premier "fiasco d'auto-entrepreneur", dû à des problèmes extérieurs relate Marie, l'auditrice affirme qu'elle a ensuite trouvé "un boulot alimentaire grâce à une amie, et je suis devenue vendeuse en boulangerie. Cela a été une super expérience qui au départ devait durer très peu de temps, et a duré six ans", explique l'ancienne professeure d'arts plastiques.

"Pendant ce temps où j'avais ce boulot alimentaire, j'ai tenté de trouver autre chose dans le domaine culturel. Et, en réalité, c'est complètement fou, mais jamais je n'ai eu ma chance", regrette Marie, qui vit à Marseille. L'auditrice précise qu'elle a connu plusieurs expériences comme journaliste, assistante dans une ambassade, et qu'elle est agrégée d'arts plastiques. "J'ai un très chouette CV, mais j'ai une espèce de scoumoune. Sur 276 candidatures, j'ai été retenue 16 fois, et à chaque fois, il y avait un truc", raconte Marie.

"On prenait quelqu'un de plus jeune", ou "on prenait quelqu'un qui était au RSA, parce que souvent dans le domaine culturel, on s'adresse à des structures qui sont limitées au niveau budgétaire... C'est un truc de dingue : à chaque fois, la chance ne me sourit pas", désespère l'ancienne professeure, malgré les promesses d'embauche émanant de personnels en interne. "À chaque fois, il s'est passé un truc. Je n'allais même pas jusqu'aux entretiens. J'étais retenue, on m'envoyait des avis comme quoi ma candidature avait intéressé. Et puis, ça retombait, comme un flan", se souvient Marie.

Des répercussions sur sa santé

L'auditrice relate une autre déception récente, venant d'une petite association près de Marseille qui avait retenu son attention. "J'ai su qu'ils avaient pris quelqu'un qui était au RSA. Là, ça m'a flingué. Même une association, qui n'a pas beaucoup de moyens, ne me donne pas ma chance. Pourtant, ils m'avaient dit que j'avais un CV du tonnerre. C'est arrivé il y a un mois et demi, et depuis, ça m'a déclenché des crises d'angoisse, quelque chose que je n'avais jamais eu de ma vie, et même des manifestations cutanées. Je suis à un stade où ça devient pathologique", explique Marie auprès de Sana Blanger.

"Je développe une agoraphobie. Je reste chez moi depuis trois semaines, un peu enfermée. Je n'ai plus envie de voir personne. Mes amis s'inquiètent, m'appellent", poursuit-t-elle, "après, c'est une question d'égo aussi. J'ai envie de revenir un peu en beauté, de leur dire que j'ai trouvé un super job, mais c'est tellement lent, dur et compliqué que je ne sais plus quoi faire."

L'ancienne professeure d'arts plastiques précise qu'elle a déjà fait deux bilans de compétences, mais que cela ne lui a pas plus servi pour le moment. "Je suis un peu dans un rouage infernal", conclut-elle sur la Libre antenne.