Des infirmiers de bloc opératoire sont formés à travailler au sein des services de réanimation. (Photo d'illustration) 1:34
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Pierre Herbulot, édité par Laetitia Drevet
En région parisienne, les hôpitaux et cliniques sont débordés par les entrées en réanimation. Pour y faire face, les infirmiers de bloc opératoire sont invités à suivre une formation express organisée sur trois jours afin d'apprendre à s'occuper de ces patients. 
REPORTAGE

Les respirateurs ont été installés à la hâte. La clinique Ambroise-Paré, à Neuilly-sur-Seine, a poussé les murs de la neurochirurgie pour accueillir plus de patients Covid. Douze lits de réanimation supplémentaires qui nécessitent le renfort de 16 nouveaux infirmiers. Pour faire face à la troisième vague, les hôpitaux et les cliniques du pays sont obligés de les former au plus vite à travailler en réanimation. En région parisienne, un apprentissage express est organisé sur trois jours.

"Moi je suis infirmière de bloc opératoire. Ce n’est pas le même métier. Je ne gère pas toutes les machines qu’on gère ici, je ne gère pas les médicaments. La formation, c'était comme retourner à l’école d’infirmière, dont je suis sortie il y a presque 10 ans. J’ai réappris un métier", raconte Eloise. Comme elle, 700 de ses confrères ont suivis cet apprentissage de dernière minute auprès des effectifs capés du service.

Des savoir-faire et une "charge émotionnelle"

Fonctionnement des machines, dosage des sédatifs… De nombreux savoir-faire techniques auxquels s'ajoute une "charge émotionnelle" jusque-là inconnue des nouvelles recrues. "On parle avec des patients qui sont entre la vie et la mort, qui le sentent et qui nous le transmettent. C’est quelque chose à laquelle on est moins habitués à faire face", explique Maylis. De sa formation, elle retient surtout la "violence" de cet environnement de travail.

Pour le moment ce système tient, mais l’équilibre est précaire, explique Anissa Amira, directrice des soins de la clinique. "C’est au jour le jour. Je ne peux pas vous dire qu'on a du personnel jusqu’à la fin avril. C’est une gymnastique de tous les instants." Au-delà des effectifs, l’enjeu pour les équipes déjà épuisées est de savoir si elles devront encore tenir à flux tendus pendant plusieurs semaines… ou plusieurs mois.