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Carole Ferry, édité par Rémi Duchemin , modifié à
En raison de la crise du coronavirus, de nombreux Ehpad connaissent un taux de vacance record. Face à cette situation, pénalisante financièrement, certains établissements n’hésitent pas à casser leur prix. Et les professionnels réclament la fin des restrictions, susceptibles de freiner la volonté des familles.

Il n'y a jamais eu aussi peu de monde dans les Ehpad. Avant la crise du Covid, il fallait passer par des listes d’attente, alors qu’aujourd’hui le taux de vacance est tout simplement record. Une place sur 10 n’est pas occupée, selon l’estimation du Synerpa (le syndicat national des maisons de retraite). La raison est simple : la mortalité en Ehpad liée au Covid a entrainé de nombreux départs, et ils n’ont pas été compensé par des arrivées.

"On est passé de 3.000 euros à 2.500 euros le mois"

Face à cette situation, certains établissements n'hésitent pas à baisser leurs tarifs. Un directeur d'Ehpad le confie : en ce moment, il ne faut pas hésiter à négocier ! Et parfois, ce n'est même pas nécessaire. "J’ai appelé pour prendre des renseignements, et au bout de 10 secondes, on me dit que la chambre, qui était à 100 euros à la base, on pouvait là faire à 80 euros. On est passé de 3.000 euros à 2.500 euros le mois", raconte ainsi Sylvain, qui cherchait un établissement en région parisienne pour sa mère. "J'ai été surpris, parce que je pensais que le prix des chambres était fixé, qu'on ne pouvait pas transiger. Et en fait, sans même négocier, c’est eux qui le propose."

Cela s’explique car si vous avez moins de 95% de taux d'occupation, l'assurance-maladie baisse ses dotations. Du coté des établissements privés, c'est donc indispensable de remplir. Et c'est vraiment sur les dernières places qu'ils deviennent rentables, un peu comme dans les avions. Il y a donc désormais urgence à restaurer la confiance des Français, car si pour le moment le gouvernement compense le manque à gagner, ça ne peut pas durer éternellement.

"Nous demandons à l'État la suppression pure et simple de tout protocole restreignant les libertés"

La bonne nouvelle pour les Ehpad, c’est qu’à compter de mercredi, le protocole des visites va être allégé. Et cela est en mesure de convaincre de nouveaux résidents, car ce que craignent le plus les familles, c'est de placer leurs proches et de ne plus pouvoir leur rendre visite ensuite. Pour lever ces réticences, le nouveau protocole est très clair : les résidents d’Ehpad ont le droit d'aller et venir comme tous les citoyens, ils ont le droit aux visites en chambres et aux sorties en famille.

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Les visites peuvent toutefois être interdites s’il y a trois cas de Covid dans l'établissement. Mais même cette dernière mesure est contestée. "On a tout à fait, aujourd'hui, la capacité de prendre en charge plusieurs résidents Covid dans leur chambre et de laisser l'ensemble des résidents vivre leur vie et bien évidemment de permettre également les visites des familles", assure Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du synerpa.

"Nous voyons bien aujourd'hui que des familles s'empêchent de placer leurs parents en Ehpad de peur que de nouvelles restrictions leur soient imposées", poursuit-elle. Nous demandons à l'État la suppression pure et simple de tout protocole restreignant les libertés". Et l'un des arguments des professionnels pour lever toute restriction, c'est qu'aujourd'hui, 90% des pensionnaires des Ehpad sont vaccinés.