86% des Espagnoles disent avoir subies des interpellations sexistes (photo d'archives). 1:15
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Henry de Laguérie, édité par Romane Lizée
L'Espagne serait le pays d'Europe où les femmes sont le plus victimes de propos et de gestes déplacés. Cette semaine, le gouvernement a présenté un projet de loi pour durcir les sanctions contre le harcèlement dans les espaces publics. A Barcelone, les mesures sont accueillies avec soulagement par les femmes.
REPORTAGE

Le gouvernement espagnol veut marquer le coup en cette journée internationale des droits des femmes, en présentant cette semaine un projet de loi contre le harcèlement de rue. Ce serait en effet dans les rues d’Espagne que les femmes seraient le plus fréquemment la cible de sifflements, de commentaires et de gestes déplacés dans les espaces publics.

C’est ce que révèle une enquête conduite par l’Ifop en 2019 dans cinq pays de l’Union européenne (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni) ainsi qu’aux États-Unis pour le compte de la Fondation Jean Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes. Près de 86% des 6.000 Espagnoles interrogées dans le cadre de ce sondage disent avoir subies des interpellations sexistes. A l’échelle européenne, la moyenne s’élève à 65%.

Entendu sur europe1 :
"Quand on rentre chez soi la nuit, on entend souvent des hommes qui crient ‘ma jolie tu vas où comme ça toute seule ?’"

"Il faut que ça s’arrête et être plus sévère"

"Quand on rentre chez soi la nuit, on entend souvent des hommes qui crient ‘ma jolie tu vas où comme ça toute seule ?’", témoigne Bianca, 18 ans, qui habite Barcelone. "Ça ne devrait pas arriver." 76 % des femmes interrogées dans le pays ont également déclaré avoir déjà subi des regards insistants. "C’est désagréable de savoir que les garçons regardent mon corps comme ça, comme un objet, il faut que ça s’arrête et être plus sévère", appelle Julia.

Autres chiffres accablants : 28 % des femmes qui ont répondu à l’enquête déclarent avoir déjà subi des attouchements dans la rue et 7% avoir été victimes de viol. Le projet de loi présenté par le gouvernement espagnol cette semaine prévoit des amendes, des assignations à résidence, voire des peines de prison contre les harceleurs qui sévissent dans l’espace public. De quoi inquiéter ceux qui ne comprennent pas la différence entre un compliment et un commentaire déplacé et sexiste. "Parfois je fais des compliments dans la rue, je lance un ‘tu es mignonne’ ou ‘tu as de très beaux yeux’, je ne vois pas pourquoi ça les embêterait", s’indigne Antonio. "Bientôt on ne pourra plus donner son avis !"