L'arrosage du maïs fonctionne à plein régime en Alsace, malgré la sécheresse. 1:52
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Tatiana Geiselmann, édité par Romain Rouillard
L'est de la France n'en a pas encore terminé avec la chaleur ce vendredi. 30 à 34 degrés sont attendus notamment en Alsace, une région durement touchée par la sécheresse. Pourtant, les cultures de maïs, une céréale très demandeuse en eau, continuent d'être abondamment arrosées. Europe 1 s'est rendue sur place.

La canicule se retire progressivement du territoire, mais neuf départements sont encore placés en vigilance orange, notamment en Alsace où le mercure pourrait grimper jusqu'à 34 degrés. Tout comme l'ensemble de la France métropolitaine, ces régions sont durement touchées par la sécheresse, ce qui n'empêche pas les agriculteurs d'arroser leur maïs.

Ce jeudi, à midi, malgré un soleil de plomb et 39 degrés à l'ombre, l'arrosage tourne à plein au-dessus des champs de maïs de Fabien. "C'est quand il fait sec qu'on irrigue, c'est pas quand il pleut", justifie-t-il. D'autant que l'agriculteur a le droit d'arroser son maïs, malgré la vigilance sécheresse : "j'irrigue à partir de la nappe phréatique pour laquelle il n'y a pas de restriction d'usage", précise-t-il. 

"Sur le dernier mois, on est proche du plus bas historique"

Il s'agit de la plus grande d'Europe, l'équivalent d'une piscine de 100 mètres de profondeur. Une énorme masse d'eau qui ne semble pas menacée, confirme Fabien Toulet, chercheur à l'Observatoire de la nappe d'Alsace : "L'impact des prélèvements agricoles sur un secteur est de quelques dizaines de centimètres. 30 centimètres sur 100 mètres d'eau, ce n'est rien". 

Mais les prélèvements ont tout de même des conséquences. "Au-dessus, on a les zones humides avec les cours d'eau phréatiques et c'est un milieu qui est assez fragile. Et quand on baisse le niveau d'un mètre en été, on assèche les cours d'eau. Là, vous le voyez, sur le dernier mois, à chaque fois, on est proche du plus bas historique", montre-t-il.

Certains choisissent de ne pas irriguer

Ce niveau n'est toutefois pas pris en compte pour déclencher le seuil de crise sécheresse qui obligerait les agriculteurs à stopper l'irrigation. Une évidence économique pour Fabien, le maïsiculteur : "C'est une culture qui est plus rentable que les cultures non irriguées. Et donc derrière, il y a des charges et l'engrais à payer. Il y a des coûts fixes qu'il faut que je couvre quoi qu'il arrive". 

Un raisonnement que ne partagent pas tous les agriculteurs, à l'image de Paul qui a, lui, choisi de ne pas irriguer ses champs : "Mon voisin, avec l'irrigation, je pense que le rendement sera de 130 quintaux et à côté, hors irrigation, peut-être 80. Ce n'est pas négligeable, mais après, il faut amortir son irrigation, c'est un choix". 

Et avec des pompes d'arrosage fonctionnant au gazoil, Fabien concède que, dans quelques jours, lui aussi arrêtera d'irriguer ses cultures, car la hausse du rendement ne couvrira pas la hausse des frais.