Edwige Antier : "les politiques ont peur de perdre les voix du Père Fouettard"

Dans la proposition de loi, la fessée, tout comme la gifle et les menaces sont prohibées.
Dans la proposition de loi, la fessée, tout comme la gifle et les menaces sont prohibées. © LOIC VENANCE / AFP
  • Copié
Virginie Salmen et A.D
La France, contrairement à une vingtaine de pays européens, n'interdit pas les châtiments corporels. Cela pourrait changer avec la proposition de loi de trois députés.

Interdire la fessée revient régulièrement dans le débat. La France, contrairement à une vingtaine de pays de l'Union européenne, n'a pas encore légiféré à l"encontre des châtiments corporels. Mais trois députés issus des rangs écologistes et de la gauche finalisent une proposition de loi interdisant de frapper ou d'humilier les enfants. Le texte ne serait qu"un rappel de bonne conduite, sans sanctions prévues pour les parents.

Un "droit de correction". On parle de fessées, certes, mais aussi de gifles et de menaces "de s'en prendre une". Pour éviter un climat de peur, le texte prône donc une interdiction claire "des coups portés par les parents". Car certains adultes s'autorisent à lever la min sur des enfants au nom du droit de correction. Un droit que certains tribunaux invoquent encore. Ce flou juridique fait que, sans parler de maltraitances, les petits gestes violents sont banalisés.

Gestes et paroles blessantes. Ce n'est bien sûr pas la règle mais ils existent, comme en témoigne Sophie au micro d'Europe 1. Elle est animatrice dans une école et a pu être témoin de certains gestes comme "tirer les oreilles, les cheveux, tirer par le bras". S'y ajoute des paroles blessantes, du genre : 'C'est moche ce que tu as fait !' ; 'Ne mets pas ton doigt dans la bouche, t'as l'air d'un débile' ; 'Ne fais pas la nunuche !' ou encore 'T'es une petite peste !' "Les enfants se retrouvaient figés et n'arrivaient plus à répondre aux consignes, ce qui empirait la violence."

85% des parents s'autorisent à frapper. Pourquoi ne pas avoir légiféré en France ? Pour la pédiatre et ancienne députée Edwige Antier, c'est par manque de courage : "Les politiques ont peur de perdre les voix du père Fouettard. Les pères de famille, les parents aiment bien garder ce droit de lever la main sur leur enfant. Même si aujourd'hui, les jeunes savent bien que ce n'est pas comme ça que l'on élève les enfants", souligne la pédiatre. Toutefois, si les députés ont lancé cette proposition de loi, c'est parce que 85% des parents s'autorisent à frapper leur enfant en France.