Édith porte secours à un jeune SDF de 18 ans : "C’est un enfant dans la rue"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Alertée par la situation d’un jeune SDF de 18 ans croisé dans les rues de Bordeaux, Édith compte lui proposer de l’héberger chez elle quelques jours. Au micro de Sabine Marin, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Edith déplore le peu d’aide apporté au jeune homme par le centre social qui le suit.
TÉMOIGNAGE

Édith vient en aide à un jeune SDF qu’elle a croisé dans les rues de Bordeaux. Elle raconte leur rencontre et son histoire. Âgé de 18 ans, le jeune homme a été mis à la porte par ses parents après une altercation. Alertée par sa situation, Édith compte lui proposer de l’héberger quelques jours le temps qu’il reprenne des forces. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Edith s’insurge contre le peu de solutions proposé au jeune homme par le centre social qui le suit.

"En passant dans une rue très centrale de Bordeaux, j’ai vu quelqu’un que j’ai d'abord pris pour un enfant de 14 ou 15 ans et qui était assis par terre, très sale, dans un état déplorable. Je me suis approchée de lui. C'est quelque chose que j'ai toujours fait, parce que je renonce à laisser quelqu'un de cet âge commencer sa vie assis par terre. Jelui ai demandé son âge et ce qu’il faisait dans la rue si jeune, dans cet état. Il m’a dit qu’il avait 18 ans. 

Il m’a dit avec ses mots : ‘Ma daronne, mon daron et mon frère m'ont mis dehors. J'ai frappé quelqu'un, mais j'avais une vraie raison de le faire’. Il m’a raconté qu’il était suivi par une assistante sociale dans un centre social qui garde tous ses papiers. Il n’est hébergé que le soir, mais dans la journée, il n'a pas de solution. C'est inimaginable. Il est en encore en bonne santé, mais ça risque de ne pas durer vu l'état dans lequel il est. Il est une proie pour des gens potentiellement malfaisants.

" C'est un appel au secours "

Je suis allée lui acheter à manger. Je lui ai donné des sous. Il m'a donné son prénom et a accepté de me donner son numéro de portable. Je lui ai donné le mien. Il m'a dit qu’il payait son forfait en faisant la manche. Je lui ai dit que j’allais essayer de trouver une solution. J’ai appelé le centre où il m’a dit être suivi. On m’a confirmé qu’il y était suivi. J’ai demandé ce qu’ils appelaient un ‘suivi’, leur disant qu’ils ne pouvaient pas le laisser à la rue. On m'a répondu en me rudoyant : ‘Il n’a qu’à venir nous voir’. 

C’est un enfant dans la rue. C'est l'affaire de tout le monde. On ne sait pas quoi faire d'un enfant de 18 ans dans la rue à Bordeaux. On ne sait pas où le placer, même en ce moment. C'est révoltant. C'est un appel au secours. Il n'est pas étudiant. Il est sans ressources, à la rue. C’est un petit gars de 18 ans, en pleine force de l'âge, qui pourrait être scolarisé et qui pourrait travailler.

 

Il a un compte Facebook. Je l'ai regardé. Il y a un an, sa maman écrivait sous une de ses photos : ‘Je t'aime mon cœur’. Que s'est-il passé dans cette famille ? Il y a un an, il avait une famille et il était aimé. Maintenant, il est dans la rue. C'est effroyable. J’ai trouvé le nom de cette dame et je lui ai écrit. Elle n'a pas lu mon message pour le moment. C’est une bouteille à la mer. Interpeler la famille, c'est un peu délicat, parce qu'on ne sait pas où on met les pieds.

J’ai l’intention de rappeler le centre. Je veux savoir si cet enfant est honnête et s'il n'est pas dangereux. Dans ce cas, mon mari et mon pourrons l'héberger quelques jours, le temps qu'il se réchauffe, qu'il se lave et s'habille. Ce n’est pas la solution, c’est une solution d'urgence. Pour l’aider sereinement, je préfère m’assurer de son profil. S’il faut être plus prudent, on l'aidera quand même, parce qu’à 18 ans, on ne peut pas le condamner à la rue. Je pourrais m’en moquer, mais je ne peux pas. Je ne comprends pas les centaines de gens qui passent devant lui dans l'indifférence totale."