Djihad : trois mineures mises en examen par un juge antiterroriste

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avec AFP
Âgées de 14, 15 et 17 ans, elles sont suspectées d'avoir été en lien, notamment via les réseaux sociaux, "avec des personnes impliquées dans des filières terroristes".

Trois adolescentes soupçonnées d'être en lien, via les réseaux sociaux, avec des personnes impliquées dans des filières djihadistes, ont été mises en examen par un juge antiterroriste parisien cette semaine, a-t-on appris samedi de source judiciaire.

"Association de malfaiteurs terroriste". Ces jeunes filles, âgées de 14 à 17 ans avaient été interpellées mardi par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), notamment en région parisienne, en même temps qu'une jeune fille originaire de Creil (Oise) qui a été relâchée au terme de sa garde à vue, sans poursuite à ce stade des investigations. Selon la source judiciaire, la jeune fille de 14 ans, Varoise, et une autre de 15 ans, originaire de Seine-et-Marne, ont été mises en examen jeudi par un juge d'instruction pour "association de malfaiteurs terroriste" et placée sous contrôle judiciaire, tout comme la troisième, âgée de 17 ans et originaire de Mulhouse, présentée au juge d'instruction vendredi.

Messagerie Telegram. Ces jeunes filles sont suspectées d'avoir été en lien, notamment via les réseaux sociaux, "avec des personnes impliquées dans des filières terroristes" présentes entre autres dans la zone irako-syrienne, selon des sources proches de l'enquête. Les enquêteurs pensent qu'elles appartenaient à un groupe de discussion sur la messagerie cryptée Telegram, chaîne qui a été en lien avec celle du djihadiste français Rachid Kassim qui y relayait des appels aux meurtres. Des échanges repérés cet été par les enquêteurs sur cette messagerie prisée des djihadistes pouvaient laisser supposer qu'elles envisageaient de commettre des actions violentes, sans qu'un projet abouti n'ait pu être mis en évidence à ce stade, a-t-on indiqué de source proche de l'enquête.

Partir en Irak ou Syrie ou agir en France. L'enquête devra déterminer si ces jeunes femmes avaient la volonté de partir pour une zone de combat en Irak ou en Syrie ou si elles projetaient de commettre une action djihadiste en France. Leurs arrestations ont eu lieu dans le cadre d'une information judiciaire dans laquelle une adolescente de 16 ans, a été arrêtée en août 2016 à Melun (Seine-et-Marne) et mise en examen. Aux yeux des enquêteurs, elle semble avoir joué "un rôle important" dans ce groupe de discussion, selon la même source. Les services antiterroristes l'avaient interpellée alors qu'elle se disait prête à commettre une action violente au nom du djihad, dans les messages qu'elle envoyait sur Telegram.

Membre du groupe djihadiste État islamique (EI) et considéré comme l'inspirateur de plusieurs attentats en France, Rachid Kassim a été vraisemblablement tué courant février dans un bombardement de la coalition contre l'EI près de Mossoul, en Irak, selon des sources américaines et françaises. La France, qui participe à la coalition anti-EI conduite par les États-Unis en Irak et en Syrie, a été frappée depuis 2015 par une série d'attentats qui ont fait 238 morts. Le niveau de menace terroriste reste "extrêmement élevé" selon le premier ministre Bernard Cazeneuve.