"Disparues de Perpignan" : une première journée d'audience très éprouvante pour les familles

L'audience signe l'épilogue de l'affaire dite des "disparues de Perpignan" qui avait créé une psychose dans la cité catalane dans les années 1990.
L'audience signe l'épilogue de l'affaire dite des "disparues de Perpignan" qui avait créé une psychose dans la cité catalane dans les années 1990. © RAYMOND ROIG / AFP
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Benjamin Peter et T.M. avec AFP , modifié à
Le procès de Jacques Rançon, accusé d'avoir violé, tué et atrocement mutilé deux femmes, mais aussi tenté d'en violer deux autres laissées pour mortes en 1997 et 1998, s'est ouvert lundi à Perpignan.

Les enquêteurs l'avaient surnommé le "tueur de la gare de Perpignan" : vingt ans après, le procès de Jacques Rançon s'est ouvert lundi après-midi devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales. Un véritable calvaire pour les familles des victimes.

Viols, meurtres et mutilations. Cet ancien cariste magasinier de bientôt 58 ans est jugé pour avoir violé, tué et atrocement mutilé deux femmes en 1997 et 1998. Il lui est aussi reproché d'avoir tenté d'en violer une autre et d'en avoir laissé une quatrième pour morte. L'audience signe l'épilogue de l'affaire dite des "disparues de Perpignan" qui avait créé une psychose dans la cité catalane dans les années 1990.

Rançon impassible pendant la lecture des faits. À l'ouverture des débats, l'accusé, dans le box vitré, a décliné clairement son identité. Les cheveux longs, mal rasé, il était vêtu d'une veste de jogging grise et d'un t-shirt orange fluo, des vêtements prêtés parce que les siens prévus pour l'audience avaient été perdus par l'administration pénitentiaire, selon Xavier Capelet, son avocat. Pendant toute la lecture des faits par le président de la cour, Régis Cayrol, il est resté impassible, le regard baissé, dans le vague, presque absent.

Entendu sur europe1 :
Je crains que ça ne leur apporte plus de souffrance que de réconfort

"Pour les parents, c'est très très très difficile". Avant l'audience, les parties civiles installées en face de l'accusé ont refusé de s'exprimer. Mais beaucoup ne l'ont pas quitté des yeux. Notamment Conception Gonzalez, la mère de la dernière victime, Marie-Hélène, 22 ans, tuée le 16 juin 1988, qui a éclaté en sanglots pendant l'insoutenable lecture des faits. À tel point que son avocat, Me Etienne Nicolau, lui a conseillé de quitter la salle. "Pour les parents, c'est très très très difficile. S'ils ont reçu notification de l'ordonnance de mise en accusation, ils en ont pris connaissance dans les grandes lignes", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Cette ordonnance, au fur et à mesure qu'on va dire ce qui s'est passé, qu'on va voir des images, puisque le président veut diffuser la découverte des corps… Je crains que ça ne leur apporte plus de souffrance que de réconfort".

Il encourt la perpétuité. Originaire de Picardie, Rançon, qui a reconnu les faits et dont la première agression sexuelle remonte à plus de quarante ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Il pourrait aussi se voir infliger une période de rétention de sûreté en fin de peine, car il était en état de récidive légale. 

Trois semaines de procès. Cet homme qui avait déjà passé 12 ans en prison pour des agressions et agressions sexuelles, le jour de son interpellation, avait été condamné en 1994 pour viol aggravé à 8 ans d'emprisonnement. Dans l'affaire des "disparues de Perpignan", c'est grâce à un nouveau logiciel sur le fichier national des empreintes génétiques (FNAEG), et à une trace retrouvée sur le dessus d'une chaussure de Moktaria Chaïb, 19 ans, tuée le 21 décembre 1997, qu'il a été identifié. Le verdict est attendu le 26 mars.