Delphine a réussi à assouvir son désir d'être mère grâce à la science. Photo d'illustration. 2:01
  • Copié
Thibaud Le Meneec
Delphine et son mari, qui avaient des problèmes pour avoir des enfants, ont eu recours à deux fécondations in vitro, qui se sont bien déroulées à six ans d'intervalle. Elle raconte son expérience au micro d'Olivier Delacroix, mercredi.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Delphine, 39 ans, a vécu un véritable parcours du combattant : après avoir connu des problèmes pour avoir des enfants avec son mari, cette Francilienne a subi des examens très contraignants dans un centre de PMA [procréation médicalement assistée, NDLR] avec une fécondation in vitro manuelle. Mais à force de patience et grâce à un "message", elle est devenue la mère de "deux enfants magnifiques" et témoigne de son émotion d'être mère au micro Europe 1 d'Olivier Delacroix, mercredi.

"On a connu des difficultés comme, je pense, beaucoup de couples en rencontrent, c'est-à-dire après un an, un an et demi d'essai, toujours rien… On commence à se poser des questions, on va voir le gynécologue qui nous demande de faire des examens…

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

J'avais la chance d'avoir une amie dont la sœur travaillait dans un centre de PMA, donc elle m'a directement orientée vers une PMA. On a eu un rendez-vous assez tôt, j'ai été prise en charge de manière classique, avec un nombre incalculable d'examens très contraignants à faire. Je suis assez pudique, donc c'était très délicat.

Un jour, on nous propose la FIV [fécondation in vitro, NDLR] en nous disant très simplement que c'est notre dernière chance d'avoir un enfant. C'était une FIV avec ICSI (injection intracytoplasmique de spermatozoïde), où le biologiste vient directement introduire le spermatozoïde dans l'ovule. Rien ne fonctionnait, donc ils nous ont dit que c'était un peu la dernière chance. On a tenté et ça a fonctionné du premier coup."

À la suite à de cette fécondation in vitro et de cette première grossesse, il restait des embryons congelés.

"Psychologiquement, je n'étais pas capable de me dire avec mon mari qu'on utilise un embryon, un enfant qui a été fabriqué le même jour que notre fils. Tous les ans, on nous demandait ce qu'on comptait faire avec les embryons. On disait qu'on voulait les conserver. Moi, je pensais qu'on ne les conservait que cinq ans.

La cinquième année, je n'ai pas répondu, je ne voulais pas faire le choix, c'était trop dur. Je me suis dit que l'équipe médicale ferait ce choix pour moi. Et puis j'ai recommencé tout ce parcours avec mon mari, en nous disant qu'on voulait un nouvel enfant et qu'on recommençait tout depuis le début.

" Je suis rentrée chez moi et j'avais un recommandé qui me demandait si je voulais vraiment détruire mes embryons, comme si c'était un message "

Je suis arrivée dans un centre de PMA, où on m'a dit : 'Mais Madame, en détruisant les embryons, vous allez détruire votre dernière chance d'être maman. C'est catastrophique, c'est beaucoup moins bien qu'avant, donc malheureusement, je ne peux rien pour vous'. Je suis rentrée chez moi et j'avais un recommandé qui me demandait si je voulais vraiment détruire mes embryons, comme si c'était un message. J'ai tout de suite appelé le centre pour leur dire de les garder. J'y suis allée, la décongélation s'est faite et j'ai accouché en octobre 2018.

Ce que je voudrais dire, c'est qu'il ne faut jamais perdre espoir, que c'est toujours possible. Mon fils a 7 ans aujourd'hui, j'ai fait le gâteau… Même si c'est dur, il ne faut rien lâcher et toujours rester positifs. Louis, on a mis quatre ans à l'avoir. Je voudrais dire merci aux Français. Aux États-Unis, ça représente un coût exorbitant. Là, grâce à notre système, j'ai la chance d'être la maman de deux enfants magnifiques."

L'avis de la spécialiste

Docteur Véronique Bied-Damon, gynécologue et spécialiste de l’infertilité

"Les causes de l'infertilité sont assez variées : il y a un tiers des causes qui sont d'origine féminine, un tiers sont d'origine masculine et un tiers des causes sont d'origine mixte. Chez la femme, les principales causes sont des troubles de l'ovulation, l'anomalie au niveau des trompes et l'endométriose. Chez l'homme, ce qui est en nette augmentation, c'est l'oligo-asthénospermie, une baisse du nombre et de la mobilité des spermatozoïdes. 

C'est probablement dû aux facteurs environnementaux : on est de plus en plus entourés de molécules chimiques, de perturbateurs endocriniens, qui vont modifier la production de spermatozoïdes chez l'homme. Chez la femme, ils seraient aussi responsables de troubles de l'ovulation, comme les ovaires polykystiques ou l'endométriose.

Dès que le couple se trouve en situation pour concevoir, il faut consulter pour faire le point. Nous, on fait un bilan des prises de sang pour voir le profil hormonal de la femme et des radios de l'utérus pour voir les trompes. Pour l'homme, on fait un spermogramme. En fonction du contexte du couple, on décide d'un traitement adapté. La troisième étape, c'est la fécondation in vitro, qui est plus réservée au problème tubaire ou aux cas d'atteintes importantes aux spermatozoïdes.

La France n'autorise que quatre essais de fécondation in vitro par couple, remboursés par la Sécurité sociale. Cela met la pression sur les gens, on le ressent assez nettement. (…) Généralement, au bout de quatre FIV, plus de 85% des patients arrivent à obtenir une grossesse donc le taux cumulatif est quand même bon."