De Merah au Louvre, cinq ans d'attaques visant militaires et policiers

Depuis 2012, plusieurs militaires et policiers ont fait l'objet d'attaques islamistes radicales (photo d'illustration).
Depuis 2012, plusieurs militaires et policiers ont fait l'objet d'attaques islamistes radicales (photo d'illustration). © DOMINIQUE FAGET / AFP
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M.L. avec AFP , modifié à
L'agression d'une patrouille de l'opération Sentinelle, vendredi à Paris, s'inscrit dans une série d'attaques islamistes radicales visant les représentants de l'armée et des forces de l'ordre.

Une attaque à l'arme blanche, visant une patrouille. Les circonstances de l'agression d'une patrouille de l'opération Sentinelle, vendredi près du musée du Louvre, à Paris, sont devenues familières. Depuis les agressions commises par Mohamed Merah, policiers et militaires constituent en effet des cibles privilégiées des actions islamistes en France, dans un contexte de menace terroriste inédite.

Mars 2012 :  Mohamed Merah, "le tueur au scooter"

Le 11 mars, le maréchal des logis chef Imad Ibn Ziaten, 30 ans, est tué en pleine rue, par un homme circulant à moto. Quatre jours plus tard, à Montauban, les parachutistes Abel Chennouf et Mohammed Legouade, âgés respectivement de 25 et 23 ans, tous deux musulmans, meurent dans une fusillade. D'abord baptisé "le tueur au scooter", leur assassin est rapidement identifié. Mohamed Merah, également auteur d'une attaque devant une école juive, a crié "Allah akbar" avant chacun de ses meurtres. Ces derniers sont revendiqués par "Jund al-Khilafah", un groupe lié à Al-Qaïda, après la mort de Mohamed Merah dans l'assaut du Raid.

Mai 2013 :  un militaire poignardé à la Défense

Le 25 mai, un militaire en faction est agressé à coups de cutter par un jeune homme de 22 ans, converti à l'islam. Alexandre Dhaussy est arrêté quelques jours plus tard et reconnaît avoir agi au nom de son idéologie religieuse. Mais il est déclaré irresponsable par la justice en novembre 2015 en raison de troubles psychiatriques et hospitalisé sans être jugé.

Décembre 2014 : des policiers agressés à Joué-lès-Tours

Le 20 décembre, en début d'après-midi, Bertrand Nzohabonayo  se présente au poste de police de Joué-lès-Tours, dans la périphérie de Tours, un couteau caché dans le dos. L'individu,  âgé d'une vingtaine d'années, se fait appeler "Bilal" depuis sa conversion à l'islam. Il agresse plusieurs policiers, dont un grièvement, en criant "Allah akbar", avant d'être abattu.

Janvier 2015 : Clarissa Jean-Philippe, victime d'Amédy Coulibaly

Le 8 janvier au matin, une fusillade éclate avenue Pierre Brossolette, à Montrouge, au sud de Paris. L'auteur des coups de feu, Amédy Coulibaly, tue une policière municipale de la ville qui intervenait pour un accident de circulation. Le lendemain, l'homme prend en otage les clients et employés d'un supermarché casher de Paris, tuant quatre d'entre eux. Il est abattu quelques heures après par la police, au même moment que les frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de la tuerie du 7 janvier au siège de Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts dont deux policiers.

Février 2015 : trois militaires agressés à Nice

"Je suis 100% Coulibaly", s'écrie Moussa Coulibaly, originaire de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, avant de s'attaquer, avec un couteau, à trois militaires en faction devant un centre communautaire juif de Nice. En garde à vue, l'homme exprime sa haine de la France, de la police, des militaires et des juifs. Il s'agit de la première agression de militaires depuis le déploiement d'un dispositif de sécurité exceptionnel impliquant de nombreuses missions de surveillance, décidé après les attentats de janvier.

Janvier 2016 : un commissariat pris pour cible

Le 7 janvier, un an après la tuerie de Charlie Hebdo, un homme armé d'un hachoir et d'une fausse ceinture d'explosifs cire "Allah akbar" en s'approchant du commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris. Abattu par les policiers, il porte une revendication manuscrite en arabe, dans laquelle il fait allégeance au chef de l'organisation Etat islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi. Un mois plus tôt, lors d'une audition à l'Assemblée nationale, le général Didier Castres affirmait que Dar al-Islam, la revue de propagande de l'EI, avait "identifié les policiers, puis les militaires et les enseignants comme cibles des actions terroristes".

Juin 2016 : l'attentat de Magnanville

Dans la soirée du 13 juin, un policier est tué de plusieurs coups de couteau devant chez lui à Magnanville, dans les Yvelines. L'assaillant se retranche dans la maison avant d'être abattu par le Raid, qui découvrira le corps de la compagne du policier et le fils du couple, âgé de trois ans, sain et sauf. Sur les réseaux sociaux, l'agresseur s'était réclamé de l'organisation Etat Islamique (EI) et une agence proche de l'organisation jihadiste l'a décrit comme "un combattant de l'EI".

Février 2017 : le Louvre visé

Vendredi matin, un homme armé de deux machettes se "précipite" sur une patrouille de l'opération Sentinelle, blessant légèrement un militaire, au cris d'"Allah akbar". Un autre fait feu, blessant grièvement l'assaillant. "On est pas sur des attentats de type Paris, très organisés", analyse Didier François, spécialiste des questions de défense et de terrorisme sur Europe 1. "C'est le mode d'action qu'on a vu se développer dernièrement".