Les chiffres de la police montrent que les agressions physiques sont en hausse. Photo d'illustration. 1:19
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Guillaume Biet, édité par Antoine Terrel , modifié à
Alors que la droite et l'exécutif se divisent sur la hausse de la délinquance en France, l'étude des chiffres de la police et de la gendarmerie montre une réalité plus nuancée. Mesuré chaque année, le sentiment d'insécurité reste en tout cas stable depuis dix ans. 
DÉCRYPTAGE

L'augmentation de la délinquance en France est-elle une réalité ? Depuis plusieurs jours, la droite attaque le gouvernement sur la sécurité, tandis que l'exécutif se divise sur l'emploi du terme "ensauvagement", jusqu'ici employé par l'extrême-droite et repris cet été par le nouveau ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Étudiés par Europe 1, les chiffres de la police et de la gendarmerie montrent en fait une situation plus nuancée. 

Si on se penche sur les crimes les plus graves? comme les meurtres et les violences qui ont entraîné la mort, cet été, au mois de juillet, il y en a eu moins qu'en juillet 2019. Et sur ces douze derniers mois, ce nombre d'homicides a augmenté, mais seulement de 5%. 

Le sentiment d'insécurité est stable

Concernant les agressions physiques, elles sont effectivement en hausse de 8% sur un an. C'est une augmentation significative mais pas une explosion, et surtout qui n'est pas nouvelle. Ce type de violences augmente continuellement depuis trois-quatre ans, avec une forte accélération en 2019. Mais il faut noter que ces chiffres incluent toutes les violences physiques lors des manifestations. 

Au-delà des chiffres, la question reste l'intensité de ces violences. Et cela, aucun outil ne le mesure. C'est uniquement du ressenti, avec toute une part d'émotion et d'irrationnel. Le sentiment d'insécurité, mesuré chaque année, est lui stable depuis 10 ans.

Plus de mineurs soupçonnés de meurtre

Et la délinquance des mineurs ? Mercredi, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a martelé qu'elle n'avait pas augmenté depuis dix ans. Mais ce n'est pas aussi simple. Tout d'abord parce que la délinquance des mineurs, ça ne veut rien dire. Cela serait comme additionner un vol à l'étalage et un homicide. Le garde des Sceaux parlait surtout des mineurs arrêtés pour des violences, des agressions, etc. Il y en a nettement moins qu'il y a dix ans, même si la tendance a augmenté légèrement entre 2016 et 2018, selon les derniers chiffres disponibles.

En revanche, sur cette même période 2016-2018, le nombre de mineurs soupçonnés de meurtre a triplé. Et sur les tentatives de meurtre, depuis 2009, le nombre de mineurs mis en cause a été multiplié par quatre. Concernant les violences sexuelles, le chiffre a doublé entre 2011 et 2018.