Hervé Le Bras est démographe. 4:04
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Antoine Terrel , modifié à
Invité vendredi d'Europe 1, le démographe Hervé Le Bras confirme que le coronavirus touche plus particulièrement les pauvres et les personnes issues de l'immigration, car ces dernières sont plus en contact avec le virus. "Une fois que l'épidémie s'est installée, elle devient très sélective socialement", explique-t-il. 
INTERVIEW

Le coronavirus choisit-il ses cibles ? Alors que plusieurs études ont montré que l'impact de l'épidémie était particulièrement fort parmi les personnes les plus pauvres et celles issues de l'immigration, le démographe Hervé Le Bras s'intéresse à la question dans son livre Serons-nous submergés ?. Invité vendredi d'Europe 1, le chercheur confirme qu'une fois que le virus est installée dans une zone, il "devient très sélectif socialement".  

"Ce qui compte, c'est que des clusters se développent trop rapidement"

"Le coronavirus n'est pas capable de distinguer le pauvre d'un riche, l'immigré d'un non-immigré. Il va au plus proche", résume-t-il. "Ce qu'il faut comprendre, c'est la manière dont il progresse, dont les contacts s'opèrent. Or, ces contacts, au début, sont indépendants de la profession et de l'état des personnes."

Alors que Roubaix, l'une des villes les plus pauvres de France, figure parmi les plus touchées par la seconde vague, Hervé Le Bras oppose l'exemple de Saint-Nazaire, "très peu touchée" malgré sa forte population ouvrière. "Ce qui compte, c'est que des clusters se développent trop rapidement", ajoute-t-il, citant notamment les clusters de Mulhouse ou de l'Oise, lors de la première vague, "qui se sont développés sous les radars".

"Les immigrés sont trois fois plus touchés"

"Le problème, poursuit-il, c'est justement qu'une fois que le virus est arrivé dans un endroit, alors là, c'est très sélectif socialement". Et Hervé Le Bras de rappeler que "les immigrés sont trois fois plus touchés", et que les personnes les plus pauvres sont aussi parmi les plus impactées. "C'est inévitable", juge-t-il, car ces personnes "sont celles qui sont le plus en contact avec le virus". "Les livreurs sont assez souvent des immigrés, les caissières sont souvent assez pauvres." 

"Une fois que l'épidémie s'est installée, là elle devient très sélective socialement. Mais ce n'est pas le fait d'être pauvre qui va vous rendre plus susceptible d'être malade", conclut Hervé Le Bras.